Mortalité des mères et survie des enfants : de l’importance d’avoir une ou plusieurs grandes soeurs

le Lundi 26 Avril 2004 à l’INED.

Discutante : Godelieve Masuy-Stroobant (Université Catholique de Louvain, Belgique)

Alain Gagnon (University of Western Ontario, Canada)

En utilisant les données démographiques du Québec ancien, nous montrons que le risque de décès des enfants sans mère était significativement plus élevé que celui des autres tout au long de l'enfance. Nous avons estimé l'effet de la perte d'attention maternel sur cette mortalité en comparant les niveaux de mortalité avant et après le décès de la mère, tout en ajustant pour l'hétérogénéité interfamiliale. Notre méthode permet de distinguer entre la mortalité due à la perte de l'attention maternelle et celle due à des causes communes affectant à la fois la mère et l'enfant (par ex. épidémie). Aucune différence de mortalité entre les sexes n'a été décelée avant l'âge de 3 ans.

En revanche, de 3 à 15 ans, les filles avaient un risque de décès 3 fois plus élevé que les garçons. Cela suggère que les filles aînées prenaient à leur compte les tâches domestiques et familiales normalement dévolues à la mère. Des analyses complémentaires montrent que la survie des enfants, une fois la mère décédée, dépend également du nombre de frères et sœurs plus âgés pouvant subvenir à leurs besoins. A cet égard, " l'effet protecteur " qu'apportent les sœurs aînées paraît plus important, ce qui appuie l'hypothèse que celles-ci assumaient en partie l'éducation de leurs cadets sans mère.