Mobilité sociale et discriminations
Mobilité sociale et discriminations : les immigrés et leurs
descendants sur le marché du travail.
Discutant : Roxane Silberman (Iresco-Lasmas).
Si les travaux sur la mobilité intergénérationnelle sont assez classiques en France, la question des trajectoires sociales suivies par les descendants de migrants est d'apparition relativement récente. A partir des données de l'enquête Etude de l'Histoire Familiale, couplée au recensement de 1999, cet article analyse la mobilité des descendants de migrants appréciée par l'accès et les positions occupées sur le marché de l'emploi, en les comparant à leurs parents et aux « natifs ».
Si une modification substantielle des formes d'activité est intervenue d'une génération à l'autre, les « secondes générations » connaissent toujours d'importantes difficultés pour entrer sur le marché du travail. Au sur-chômage s'ajoutent une plus grande précarité dans l'emploi et une dépendance à l'égard des emplois aidés. Par contre, la forte ségrégation professionnelle observée pour les immigrés a diminué à la génération suivante, signalant un processus de diffusion dans l'espace des professions.
La persistance des écarts entre secondes générations et natifs
contredit les prévisions d'une mobilité intergénérationnelle
justifiée par les gains d'une scolarisation et socialisation en
France. Ce handicap d'une origine « héritée » témoigne de
l'existence de discriminations, qui pèsent principalement sur les
trajectoires des immigrés maghrébins, africains et turcs, mais
aussi sur celles de leurs descendants.