Maternités et droits à pension : les avantages familiaux remplissent-ils leurs objectifs ?
Présenté par Benoit Rapoport (Université de Paris 1 et Ined) - Discutante : Anna d’Addio (OCDE)
La naissance d’un enfant est susceptible de modifier les droits
à pension, d’un côté, parce que les maternités peuvent affecter la
carrière professionnelle et son déroulement ultérieur, soit en
raison de choix opérés par la mère (congé parental, temps
partiel...), soit parce que les entreprises peuvent anticiper, à
tort ou raison, un retrait partiel ou total, et donc discriminer
les femmes sur les emplois à plus fort potentiel de carrière, en ne
les embauchant pas ou en ne les promouvant pas. Ces choix peuvent
se traduire par des durées acquises ou encore par des salaires de
référence ou des points dans les complémentaires plus faibles. D’un
autre côté, le législateur a prévu de compenser ces impacts sur la
pension de retraite, en mettant en place différents droits
familiaux : l’AVPF, la majoration de durée d’assurance, et la
bonification s’adressant aux parents de 3 enfants et plus. Ces
modes de compensation ont des effets nettement différents selon la
carrière de la mère et selon qu’il s’agit de compenser les durées
acquises ou les impacts sur les rémunérations.
Nous utilisons l’Echantillon Interrégimes de Cotisants de la Drees
(EIC), qui fournit des informations annuelles sur les carrières
professionnelles et les droits acquis, apparié à l’Echantillon
Démographique Permanent (EDP) de l’Insee qui, permet, de repérer
les naissances, afin d’examiner l’impact des naissances sur les
droits acquis et dans quelle mesure les droits familiaux les
compensent effectivement.
On recalcule, à différents âges, les droits acquis par les
salariées du privé des générations nées entre 1950 et 1966 selon
que l’on prend en compte ou non les différents droits familiaux. On
compare alors les pensions selon le nombre d’enfants et nous
montrons que les droits familiaux, principalement l’AVPF et la MDA,
compensent globalement les écarts de droits à pension acquis en
milieu de carrière, y compris lorsque l’on tient compte du diplôme
et de l’âge de première acquisition des droits. Nous étendons aussi
l’analyse à d’autres mesures comme le nombre de trimestres acquis,
le salaire de référence à un âge donné et la dynamique des droits,
afin, d’une part, de démêler ce qui est essentiellement
compensé : les écarts de salaire ou les durées d’assurance,
et, d’autre part, de fournir quelques éléments prospectifs sur les
pensions finales.
Cette présentation est le fruit d’un travail collectif avec Virginie Andrieux (Insee) et Carole Bonnet (Ined).