Lieux habités, lieux investis : le lien au territoire, une composante identitaire ?
par France Guérin à l’INED.
Discutante : Elena Filippova (Institut d’ethnologie et
d’anthropologie de l’Académie de sciences de la Russie).
Une personne sur trois, interrogée dans l’enquête Histoire de vie -
Construction des identités (Insee 2003), évoque son lieu d’origine
ou un lieu d’attachement comme importants pour dire qui elle est.
Dans un contexte où les parcours géographiques individuels sont de
plus en plus complexes, le lieu de naissance et la nationalité sont
insuffisants pour comprendre comment se forme le sentiment
d’appartenance des populations à un territoire. Cette composante
spatiale de la construction identitaire est appréhendée dans
l’enquête à partir du recueil des lieux de vie successifs des
personnes mais aussi de lieux plus subjectifs comme les lieux
d’attachement, de projet, un lieu éventuel de sépulture et le
sentiment d’origine géographique.
Le sens donné à ces lieux investis et leur mobilisation comme
référent identitaire diffèrent selon les parcours, les
appartenances sociales et les caractéristiques démographiques des
individus. A titre d’exemple, donner un lieu d’attachement est plus
le fait de personnes vivant seules, d’étudiants, de personnes ayant
investi dans un endroit (propriétaires) ou ayant connu une forte
mobilité. Le lieu de projet est quant à lui plus le fait des moins
de 50 ans, des personnes n’ayant pas d’attache matérielle ou
professionnelle, et des urbains.
Se référer à son lieu d’origine pour se définir est beaucoup plus
fréquent pour les personnes immigrées ou de parents immigrées que
pour celles nées françaises mais on constate que pour les immigrés
devenus français, si ils citent fréquemment leur lieu d’origine
comme lieu d’attachement, ce dernier ne constitue pas en soi une
référence identitaire prioritaire.
Le 19/06/2006 par France Guérin à l’INED.