Lieux habités, lieux investis : le lien au territoire, une composante identitaire ?

le Lundi 19 Juin 2006

par France Guérin à l’INED.
Discutante : Elena Filippova (Institut d’ethnologie et d’anthropologie de l’Académie de sciences de la Russie).


Une personne sur trois, interrogée dans l’enquête Histoire de vie - Construction des identités (Insee 2003), évoque son lieu d’origine ou un lieu d’attachement comme importants pour dire qui elle est. Dans un contexte où les parcours géographiques individuels sont de plus en plus complexes, le lieu de naissance et la nationalité sont insuffisants pour comprendre comment se forme le sentiment d’appartenance des populations à un territoire. Cette composante spatiale de la construction identitaire est appréhendée dans l’enquête à partir du recueil des lieux de vie successifs des personnes mais aussi de lieux plus subjectifs comme les lieux d’attachement, de projet, un lieu éventuel de sépulture et le sentiment d’origine géographique.
Le sens donné à ces lieux investis et leur mobilisation comme référent identitaire diffèrent selon les parcours, les appartenances sociales et les caractéristiques démographiques des individus. A titre d’exemple, donner un lieu d’attachement est plus le fait de personnes vivant seules, d’étudiants, de personnes ayant investi dans un endroit (propriétaires) ou ayant connu une forte mobilité. Le lieu de projet est quant à lui plus le fait des moins de 50 ans, des personnes n’ayant pas d’attache matérielle ou professionnelle, et des urbains.
Se référer à son lieu d’origine pour se définir est beaucoup plus fréquent pour les personnes immigrées ou de parents immigrées que pour celles nées françaises mais on constate que pour les immigrés devenus français, si ils citent fréquemment leur lieu d’origine comme lieu d’attachement, ce dernier ne constitue pas en soi une référence identitaire prioritaire.

Le 19/06/2006  par France Guérin à l’INED.