Les transformations de la société tunisienne

Présenté par : France Guérin-Pace (Ined) et Hassène Kassar (ENAU, Tunis) ; Discutant-e : Sihem Najar (IPSI - Université de la Manouba)

L’enquête sur les transformations de la société tunisienne (Ined-CERP) a été menée à la fin de l’année 2016 auprès d’un échantillon de 3200 personnes, représentatif de la population vivant sur l’ensemble du territoire tunisien. L’objectif de cette enquête est de saisir, quelques années après la révolution, les clivages qui s’observent au sein de la société tunisienne dans des domaines variés (éducation, accès à l’emploi, mobilités résidentielles, mise en couple, constitution de la famille, engagements, convictions, etc.) et leurs répercussions éventuelles sur les processus de construction identitaire individuelle et de cohésion sociale.

Toutes les aspirations voulues par une grande majorité des tunisiens après le départ de Ben Ali sont loin d’être réalisées. Seule la liberté de parole est considérée comme un acquis indéniable du 14 Janvier 2011. Plus encore, au lieu de demeurer un évènement marquant des histoires individuelles, six années après la révolution, seuls 14% des enquêtés s’y réfèrent et le plus souvent c’est de manière négative. Colère et déception se mêlent ainsi dans le ressenti de la population tunisienne, au regard d’un événement qui aurait dû transformer rapidement et en profondeur le pays.      

Malgré cette situation fragile, sous l’effet des changement économiques et politiques la société tunisienne est en mutation, tiraillée entre conservatisme et modernité, comme le montre au fil des thématiques les résultats de l’enquête ETST : des relations entre générations aux relations de couples, dans le rapport à l’emploi, dans la perception de la situation politique, dans l’absence de participation à la vie politique et associative, dans une forme de décalage entre les pratiques religieuses et les représentations, ou encore dans le désir de migrer pour les plus jeunes.