Les quartiers de mixité sociale programmée, une forme urbaine à interroger

Au début des années 2000, plusieurs quartiers composés de logements privés et de logements sociaux ont été construits sur d’anciens territoires industriels situés au cœur des agglomérations urbaines françaises. Ces opérations de densification urbaine qui se veulent en rupture avec la monotonie architecturale des « barres » et des « grands ensembles » ont parfois été présentés par des urbanistes, architectes, promoteurs immobiliers, élu∙es et agent∙es territoriaux chargé∙es du développement urbain comme des « quartier[s] exemplaire[s] sur le plan, sociétal, social et environnemental » ou encore de « laboratoires à ciel ouvert, [de] symbole d’une nouvelle mixité sociale et d’une pratique résidentielle inconnue ». Cette communication interrogera la genèse de ces « quartiers de mixité sociale programmée », la composition sociale et ethnique de leurs habitant∙es, leurs trajectoires résidentielles ainsi que les relations sociales qui s’y nouent. Elle s’appuie pour cela sur une enquête par questionnaires (Mon quartier, mes voisins : https://mon-quartier-mes-voisins.site.ined.fr/) réalisée dans quatorze terrains socialement et spatialement différenciés, dont deux quartiers de mixité sociale programmée, une enquête par entretiens auprès de 53 habitant∙es de ces espaces ainsi que sur une enquête par entretiens sur la construction d’un quartier de mixité sociale. Elle soutiendra notamment que si ces espaces reconstruisent en leur sein une « mixité sociale arithmétique », les liens entre habitant∙es sont plus faibles, plus instrumentaux et plus homophiles qu’ailleurs.