Les inégalités spatiales de mortalité en France : une perspective historique
Présenté par : Florian Bonnet (Ined) ; Discutant :Stéphane Rican (Université Paris Nanterre, LADYSS)
Résumé
Florian Bonnet présentera la French Human Mortality Database, une nouvelle base de données qui met librement à disposition les tables de mortalité françaises au niveau local depuis 1901. Disponibles par genre, année et selon trois niveaux géographiques (départements, anciennes régions, nouvelles régions), elles ont été calculées à partir de documents d’archives encore inexploités et en utilisant principalement le protocole méthodologique de la Human Mortality Database.
A partir de cette nouvelle base de données et en utilisant les tables de mortalité départementales pour le 19e siècle calculées par Noël Bonneuil, Florian Bonnet dépeindra l’évolution des inégalités spatiales de durée de vie. La période 1880-1980 apparaît comme une période vertueuse, où l’espérance de vie nationale augmenta de façon continue (à l’exception des deux guerres mondiales) et où les inégalités entre les territoires diminuèrent fortement. Depuis 1980, ces inégalités stagnent voire augmentent légèrement selon l’indicateur retenu. Il présentera également les changements principaux dans la géographie de la mortalité depuis 2 siècles.
Enfin, utilisant des données locales de revenu disponibles depuis 1920, il montrera que le gradient de mortalité s’est inversé dans les années 1960 : avant cette date, les territoires les plus développés présentaient les taux de mortalité les plus élevés, contrairement à ce que l’on observe aujourd’hui. Ainsi, si les inégalités de mortalité sont aujourd’hui plus faibles, elles s’expliquent de plus en plus par le niveau de développement. Ce résultat, qui vaut aussi pour la mortalité par suicide, laisse craindre un effet Matthieu questionnant la cohésion nationale.
Biographie
Florian Bonnet est chargé de recherches à l’INED dans l’unité de recherche 5 mortalité, santé, épidémiologie, membre du World Inequality Lab de l’Ecole d’Economie de Paris. Ses recherches portent actuellement sur l’évolution des disparités territoriales françaises de durée de vie, de fécondité, de revenu et de richesse depuis le milieu du 19e siècle. Elles reposent sur la mobilisation de documents d’archives encore inexploités, notamment les recensements, statistiques du mouvement de la population, et statistiques fiscales. Ces statistiques collectées lui permettent également d’étudier certains évènements historiques spécifiques ; c’est le cas par exemple des migrations interrégionales en France durant la Seconde Guerre Mondiale.