Les « famangiana » ou visites de solidarité à Antananarivo (Madagascar). Quand des événements démographiques suscitent visites et dons
Discutante : Anne Gotman (CNRS)
La communication est consacrée à l’étude des famangiana (terme
que nous avons traduit par visites de solidarité) dans
l’agglomération d’Antananarivo. Il s’agit d’une coutume malgache
très ancienne, qui consiste à rendre visite à une famille à qui un
événement, heureux ou malheureux - tel qu’une naissance, un décès,
une maladie - est survenu, à la réconforter ou la féliciter
verbalement, puis à offrir un don. Notre objectif est de fournir
des données de cadrage sur cette pratique, puis d’analyser les
facteurs qui déterminent les comportements des ménages.
Nous commençons par une mise en relief de cette coutume, où l’on
décrit les usages anciens, leurs manifestations contemporaines,
ainsi que les facteurs explicatifs pouvant expliquer les
comportements. Puis, dans un deuxième temps, nous mobilisons les
données de l’enquête « Santé-éducation-transferts » (SET), réalisée
auprès de 1022 ménages de l’agglomération d’Antananarivo en 1997,
pour quantifier et analyser les déterminants des pratiques. Pour
six événements particuliers (naissance, mariage, événement
religieux, anniversaire, visite d’un malade, décès), la
participation des ménages aux famangiana et les montants des dons
engagés sont mesurés puis confrontés à leurs caractéristiques
sociales (âge du chef de ménage, statut matrimonial, etc.) et
économiques (leur statut vis-à-vis de l’emploi, leurs revenus,
etc.). Enfin, nous terminons l’étude par une comparaison de la
mobilisation à l’occasion de deux événements, une naissance et un
décès.
Les ménages participent massivement aux famangiana puisque, sur une
période de trois mois, deux tiers d’entre eux ont effectué au moins
une visite de solidarité parmi les six étudiées. Les montants des
dons faits à l’occasion des famangiana, par contre, sont faibles,
ce qui montre qu’ils sont plus symboliques qu’économiques. Une
forte différenciation de la participation apparaît selon le statut
matrimonial et le secteur institutionnel où le chef de ménage
exerce son emploi, ce qu’on peut interpréter en termes de taille
des réseaux de relations des ménages. On trouve aussi qu’un décès
mobilise environ 5 fois plus de ménages qu’une naissance, ce qui
signifie que les visites de solidarité surviennent surtout en cas
d’événement malheureux.