Les différentiels ethniques de mortalité aux âges adultes au Kirghizstan

le Lundi 08 Janvier 2007 à l’Ined, en salle Sauvy

Discutant : Jacques Vallin (Ined)

D’après les données officielles du Comité National des Statistiques du Kirghizstan, la mortalité aux âges adultes (20-59) dans cette république d’Asie Centrale est plus élevée parmi les hommes d’ethnicité slave (Russes, pour la plupart) que parmi les hommes d’ethnicité centrasiatique (Khirghizes et Ouzbeks, pour la plupart). Déjà présent pendant l’époque soviétique, cet excédent de mortalité parmi les hommes russes a fortement augmenté depuis 1991. Les femmes russes, qui, contrairement aux hommes, avaient une mortalité plus faible que les femmes khirghizes pendant l’époque soviétique, ont perdu leur avantage après la chute de l’Union Soviétique. Ces différences sont surprenantes dans la mesure où le niveau socio-économique des Slaves en Asie Centrale est supérieur à celui des populations autochtones.
Cette communication examine les explications possibles de ce "paradoxe de mortalité": (1) problèmes de données; (2) effets de migration; (3) explications culturelles. L’analyse de données détaillées de la mortalité (toutes causes confondues et par cause) révèle que les problèmes de données et les effets de migration ne sont pas les explications les plus plausibles. Au contraire, il semble que l’excédent de mortalité des Slaves est réel et dû à d’importantes différences de mortalité par cause. Les causes de décès qui expliquent la plus grande part du différentiel de mortalité sont celles liées à la consommation d’alcool (hommes et femmes) et le suicide (hommes). L’explication culturelle est donc la plus probable, car les comportements individuels qui génère les differentiels de mortalité observés semblent être liés aux pratiques culturelles des différents groupes ethniques. Cette communication évoque les implications de ces résultats pour la compréhension de la crise sanitaire dans les républiques de l’ex-Union Soviétique.