Le recours au don d’ovocyte de Paris à Athènes
Discutante : Juliette Guibert (Institut Mutualiste Montsouris)
En France, l’accès aux nouvelles techniques reproductives est particulièrement restrictif. En effet, l’Assistance Médicale à la Procréation (AMP) est réservée aux couples hétérosexuels en union stable, dont la femme est en âge reproductif, et dont l’infertilité a été diagnostiquée. Par ailleurs, le recours à certaines techniques telles que le don d’ovocyte est limité et entraîne de longues listes d’attente. D’autres pays, ne serait-ce qu’au niveau européen, ont une législation moins restrictive en termes d’accès et d’offres médicales liées à l’AMP. Dans ce contexte, afin d’optimiser leur chance d’avoir un enfant ou parce qu’ils ou elles sont exclu.e.s de la prise en charge médicale, les français.e.s ont la possibilité de partir à l’étranger pour bénéficier d’une AMP.
L’objectif de la présentation est de décrire les « exils » procréatifs qui peuvent s’opérer en France, à partir d’un cas : celui du don d’ovocyte en Grèce. A travers des entretiens réalisés pendant un mois dans une clinique grecque qui reçoit une importante demande étrangère et notamment française, il s’agit de montrer les principales caractéristiques sociodémographiques et les parcours médicaux et personnels des couples et individus français qui ont recours à un don d’ovocyte en Grèce. Ces entretiens mettent également en lumière les limites et failles du système médical en France, telles qu’elles sont perçues par les patient.e.s français.e.s interrogé.e.s. Les restrictions et interdictions françaises, au niveau légal, sont justifiées par des arguments éthiques et médicaux et revêtent une certaine conformité aux normes reproductives : les contraintes liées au don d’ovocyte en France font ainsi écho à la norme procréative mais aussi à la norme « du tout génétique ». Ces normes, socialement construites, et intégrées par la population, se voient fragilisées et renégociées au sein des couples français interrogés en Grèce.