Le mythe de l’identité nationale
Discutant : Jean-Loup Amselle (EHESS)
Que signifie être « Français » ? Cette notion implique souvent l’idée selon laquelle le « vrai » Français, « de souche », serait un « Gaulois » de race blanche dont les traditions, ancrées dans un « terroir », se perdraient dans la nuit des temps.
C’est dans le domaine de l’anthropologie, ou dans ses marges, entre 1870 et 1945, que se sont élaborées les théories les plus sophistiqués de l’identité nationale. D’un côté, l’anthropologie physique, cherchant à mesurer et à classer les hommes, n’a pas su éviter la question de la « pureté » de la « race française ». De l’autre, l’étude du folklore, visant à recueillir les survivances de traditions paysannes ou artisanales en déclin, a exclu de fait celles de bon nombre de Français qui n’étaient pas « de souche ».
Une conception figée de l’identité nationale atteignit son paroxysme avec l’Occupation et le régime de Vichy, mais on la trouve aussi jusque chez les anthropologues antiracistes de l’entre-deux-guerres et les folkloristes du Front populaire.
Cette communication retracera les grandes lignes du récit mythique qui imprégnait la communauté scientifique des sciences de l’homme, jusqu’à son abandon à la Libération, notamment par les anthropologues qui, après une période d’évitement du sujet, ont fait depuis leur autocritique.