La réception en France de l’oeuvre démographique de Lotka
Discutant : Paul-André Rosenthal (EHESS-Ined)
Bien qu’ayant publié son premier article sur la démographie dès
1907, Lotka n’est connu des statisticiens français s’intéressant
aux questions de population qu’à partir de 1921. C’est Raoul Husson
qui le fait alors connaître à l’occasion de la publication d’une
étude sur l’accroissement de la population en France et à
l’étranger. C’est à la notion de population stable et au taux
intrinsèque d’accroissement qu’il est fait le plus souvent
référence dans la littérature statistique, en particulier dans le
Journal de la Société de Statistique de Paris. Il est cependant
fait aussi mention des travaux menés par Dublin et Lotka sur la
santé et la mortalité.
La deuxième partie de la Théorie analytique des associations
biologiques, parue en français en 1939, devient très vite une
référence incontournable pour tous ceux qui travaillent dans le
domaine que Lotka qualifiait lui-même comme étant celui de
«l’analyse démographique». Paul Vincent est un de ceux qui
reconnaît le plus explicitement la dette intellectuelle qu’il a
envers le démographe mathématicien. Par la suite Jean
Bourgeois-Pichat s’appuie clairement sur les travaux de Lotka,
lorsqu’il aborde la dynamique des populations et envisage les
populations «quasi stables» et «presque stables».
Les relations entre Lotka et les statisticiens français sont
d’ordre intellectuel tout en étant très personnalisées: il est à
plusieurs reprises rendu hommage, dans le Journal de la Société de
Statistique de Paris, aux qualités scientifiques de Lotka mais
aussi à ses qualités humaines.