La production contextuelle de l’orientation : une analyse des choix d’études à partir du cas d’hommes de formations « féminines » de l’enseignement supérieur
Présenté par : Alice Olivier (Ined, OSC-Sciences Po) ; Discutante : Leïla Frouillou (Université Paris Nanterre, CRESSPA-GTM)
Pour expliquer des choix d’études, il faut, certes, s’intéresser aux propriétés et aspirations individuelles, mais il faut aussi accorder toute leur place aux contextes dans lesquels ces choix émergent. Cette présentation examine le rôle de ces contextes à partir du cas des rares hommes de formations dites « féminines » de l’enseignement supérieur, pour lesquels celui-ci est particulièrement saillant. De fait, rares sont les hommes souhaitant rejoindre de façon précoce ces filières : ce sont avant tout des contraintes et des opportunités extérieures qui les y encouragent.
L’exploitation de données statistiques nationales et l’analyse qualitative de trajectoires d’orientation montrent plus précisément l’importance de logiques institutionnelles, relationnelles et matérielles dans leur choix d’études. Longtemps éloignés des formations « féminines » du fait de leur appartenance de sexe, ces hommes les découvrent par le biais de dispositifs d’orientation et de sélection d’une part, et de rencontres d’autre part. Le plus souvent, leur choix de s’y orienter émerge alors quand un ensemble de circonstances – échec à un concours, situation de précarité économique ou encore offre locale de formation réduite – les obligent à revoir leurs projets étudiants et professionnels. Au-delà du cas spécifique de ces hommes, la présentation insiste ainsi sur le rôle clé des contextes dans l’explication de tout choix d’études, et montre qu’il est parfois premier par rapport à celui des dispositions et aspirations individuelles.
Alice Olivier
Alice Olivier est docteure en sociologie. Membre de l’Observatoire sociologique du changement (Sciences Po) et de l’Ined (Unité « Genre, sexualité et inégalités »), elle est actuellement ATER à l’ESPÉ Lille Nord de France. Ses recherches portent sur l’éducation, la socialisation et le genre. Dans sa thèse, elle s’est plus spécifiquement intéressée aux rares étudiants hommes de filières dites « féminines » de l’enseignement supérieur, interrogeant la production de l’orientation atypique et les socialisations sexuées en formation. Ce travail a reposé sur une enquête multi-méthodes menée en formation de sage-femme et d’assistant·e de service social et combinant entretiens, observations, exploitations statistiques et analyses documentaires.