La politique familiale allemande : les limites de l’action de l’Etat

le Lundi 12 Décembre 2005 à l’INED, Salle Sauvy.

La politique familiale allemande : les limites de l’action de l’Etat".
Discutant: Alain Monnier (INED).

Alors que l'Allemagne traverse depuis trente ans déjà une grave crise démographique, l'Etat peine à s'engager dans la voie d'une politique familiale active. Il s'agit en effet de se démarquer aussi bien du passé national-socialiste que de la politique interventionniste de la RDA. Il faut aussi prendre en compte une particularité culturelle allemande, l'attribution d'un rôle prépondérant à la mère auprès de ses enfants, ce qui limite de fait toute action publique auprès des familles. Ces facteurs historiques et culturels déterminent dans une large mesure les limites que l'Etat s'impose dans son action, mais aussi les principes mêmes de la politique familiale actuelle : la volonté de s'effacer derrière l'individu et de respecter ses choix.

Le gouvernement allemand reconnaît le rôle fondamental de la famille dans la société et la nécessité de lui apporter un soutien concret, ce qui le place devant le dilemme de devoir seconder les familles sans rogner pour autant sur la sphère privée. Voilà qui explique les nombreuses contradictions que recèle la politique familiale allemande. Ainsi, afin de laisser les familles décider librement de l'utilisation qu'elles souhaitent faire des aides publiques, l'Etat privilégie les transferts financiers au détriment de mesures de conciliation entre travail et famille. Un tel choix a cependant un impact sur le taux d'activité des mères et conduit donc indirectement à façonner les choix des individus. De plus, il prive les familles au moins temporairement d'un salaire, les plaçant ainsi dans une situation financière défavorable par rapport aux couples sans enfant. De fait, cet objectif de neutralité s'avère impossible à atteindre et contribue indirectement à léser les familles.

L'absence d'aides en faveur de l'activité des mères place en outre les couples devant l'obligation de choisir entre bi-activité et enfant(s), ce qui se traduit d'un côté par un faible taux d'activité des mères, en particulier d'enfants en bas âge, et de l'autre par un accroissement de l'infécondité. Mais le gouvernement Schröder a manifesté dès son entrée en fonction en 1998 une réelle volonté de changement, mais cela ne s'est guère traduit dans les faits.