La monoparentalité en Afrique.

le Lundi 10 Octobre 2005 à l’INED, Salle Sauvy.

Visibilité stastistique et logiques familiales en jeu, à partir d’une étude menée au Cameroun
Discutante : Nadine Lefaucheur (CNRS-CRPLC).

L'intérêt Longtemps ignorée par la recherche africaniste, la question de la monoparentalité est mal connue voire minimisée en Afrique. Elle est souvent hâtivement associée aux femmes chefs de ménage statistiquement plus visibles dans les données disponibles, et reste donc communément interprétée dans ce cadre.


L'objet du travail qui a été mené sur la question consiste précisément à questionner la dimension sociale de la catégorie « famille monoparentale », qui en Afrique est généralement appréhendée comme un artefact statistique. Cette étude s'appuie sur deux démarches méthodologiques complémentaires. Une étude quantitative a été menée à partir des données disponibles sur un pays, le Cameroun (Recensement 1975 et 1987 ; EDS, Enquêtes de Démographie et de Santé 1991 et 1998). Les premiers résultats ont été confrontés à un recueil de récits de vie mené en 1995 et 1996 en milieu urbain camerounais. Le retour aux données quantitatives des EDS a permis de quantifier les différentes formes de monoparentalité qui ont émergé du terrain. Les résultats de cette recherche relativisent d'une part largement la part des femmes chefs de ménage dans la monoparentalité effective, et met d'autre part à jour la diversité des autres situations monoparentales en regard des évolutions juridiques et des logiques familiales qui les sous-tendent, relativement aux transformations du veuvage et à l'expansion du célibat féminin.


Après avoir dressé le contexte terminologique, structurel et conjoncturel de la monoparentalité en Afrique, l'exposé s'arrêtera sur les différentes formes d'expérience décelées chez les femmes chefs de ménage en milieu urbain camerounais. Dans un troisième temps seront évoqués les autres types de monoparentalité qui ont émergées du terrain, celle des hommes d'une part, mais aussi d'autres situations féminines qui échappent généralement à l'observation statistique.