La fabrique des sondages
Présenté par Rémy Caveng - Discutante : Christelle Hamel
Dans la littérature consacrée à la qualité des enquêtes quantitatives et dans les arguments de vente des entreprises de sondage, la standardisation du recueil de données ainsi que la réduction de « l’effet enquêteur » tiennent une place centrale. Pour atteindre ces deux objectifs, il suffirait d’appliquer à la lettre un ensemble de règles. Or la réalité du terrain est bien éloignée de ces standards de production et les enquêteurs aménagent systématiquement le protocole de passation. Plusieurs raisons permettent d’en rendre compte : la passation d’un questionnaire, comme toute interaction sociale, ne saurait être purement standard ; le niveau de productivité attendu contrevient à la réalisation du travail tel qu’il est prescrit ; les conditions d’emploi, de travail et de rémunération des enquêteurs ne les incitent pas à se conformer à ces prescriptions. Une conception réaliste et pragmatique de la qualité des données impliquerait alors de prendre en compte ces trois dimensions.
Cette présentation reposera sur deux terrains distincts. Le premier a été réalisé auprès des salariés des entreprises de sondage dans le cadre d’une thèse de sociologie[1] portant sur les conditions d’emploi et de travail des personnels d’enquête. Le second le fut auprès des enquêteurs de l’INSEE dans le cadre d’une convention INSEE-FMSH. Dans ce dernier cas, il s’agissait d’étudier les usages du questionnaire de l’Enquête emploi dans la perspective de sa refonte.