La baisse de la fécondité dans les villages de l’Iran
Session Jeunes chercheurs
Lorsque les zones rurales rejoignent les zones urbaines : .
Discutante : Olivia Samuel (Université de Saint Quentin en
Yvelines).
En 2001, en Iran, d'après la dernière enquête socio-démographique représentative du niveau national, le taux de fécondité totale était de 1,9 enfants par femme. Ce nombre d'enfants reflète la spectaculaire baisse de la fécondité dans les villes et les villages du pays. Si au moment de son enclenchement, au début des années 1960, la baisse de la fécondité n'a concerné que les villes, la poursuite de cette diminution et son accélération dans les années 1980 dépasse largement leur cadre. Depuis la Révolution islamique de 1979, la baisse de la fécondité s'est observée jusque dans les villages les plus reculés, entraînant ainsi l'ensemble du pays dans une révolution culturelle majeure.
Comment la population rurale, longtemps attachée à des idéaux de
fécondité élevée, connaît-elle une diminution de sa fécondité ?
Cette question est d'autant plus pertinente que la baisse de la
fécondité en milieu rural a été beaucoup plus rapide que celle
observée dans les zones urbaines.
La baisse de la fécondité dans les villages iraniens résulte de
profondes transformations du monde rural. Les villages qui étaient
auparavant coupés du reste du pays se sont progressivement ouverts
sur l'extérieur. La réforme agraire des années 1960 a été sans
conteste le point de départ de ces bouleversements. Puis, la
Révolution islamique a constitué un deuxième temps fort des
transformations rurales. Dans leur volonté de « voler au secours
des déshérités », les dirigeants de la nouvelle République ont mis
en place des programmes de développement qui ont eu des retombées
importantes sur la vie des villageois. Ainsi, depuis les années
1960, les zones rurales se sont intégrées à la fois politiquement,
économiquement et socialement au reste du pays. Cette intégration,
qui a eu des répercussions sur l'entrée en union, le recours à la
contraception et le désir d'enfants, semble être à l'origine de la
forte baisse de la fécondité en milieu rural.