L’histoire des « contraceptifs chimiques » : femmes, science et industrie
Discutante: Sylvie Chaperon (Université de Toulouse le Mirail, FRAMESPA)
L’histoire de la contraception est généralement divisée en deux
périodes : la période « pré-scientifique » (avant les années 1960)
- celle des méthodes douteuses diffusées via des circuits
marginaux, puis la période « scientifique » - celle de la
contraception efficace et nécessitant une surveillance médicale,
qui a commencé avec le développement de la pilule et du stérilet.
La communication de Ilana Lowy interroge cette vision. Elle sera
consacrée aux « contraceptifs chimiques », très largement diffusés
avant la pilule : crèmes, gels, suppositoires, éponges et mousses
appliqués localement afin de prévenir la conception. Ces
préparations pharmaceutiques, destinées aux femmes et vendues sous
le label « hygiène féminine », ont eu une double identité : celle,
marginale, de substances douteuses, puis celle de produits
chimiques issus de la recherche de pointe et fabriquées par des
laboratoires pharmaceutiques de renommée.
Cette intervention va s’intéresser en particulier à trois périodes
de l’histoire des « contraceptifs chimiques » : les efforts faits,
dans les années 1930 et 1940, pour les transformer en substances «
légitimes » (ethical drugs) ; leur carrière, après la deuxième
guerre mondiale, comme des moyens contraceptifs destinés aux pays
en voie de développement ; et enfin les efforts, faits dans les
années 1990, pour transformer ces substances en moyens de protéger
des femmes contre le VIH - Sida.