L’histoire des « contraceptifs chimiques » : femmes, science et industrie

le Lundi 28 Février 2011 à l’Ined, salle Sauvy

Discutante: Sylvie Chaperon (Université de Toulouse le Mirail, FRAMESPA)

L’histoire de la contraception est généralement divisée en deux périodes : la période « pré-scientifique » (avant les années 1960) - celle des méthodes douteuses diffusées via des circuits marginaux, puis la période « scientifique » - celle de la contraception efficace et nécessitant une surveillance médicale, qui a commencé avec le développement de la pilule et du stérilet. La communication de Ilana Lowy interroge cette vision. Elle sera consacrée aux « contraceptifs chimiques », très largement diffusés avant la pilule : crèmes, gels, suppositoires, éponges et mousses appliqués localement afin de prévenir la conception. Ces préparations pharmaceutiques, destinées aux femmes et vendues sous le label « hygiène féminine », ont eu une double identité : celle, marginale, de substances douteuses, puis celle de produits chimiques issus de la recherche de pointe et fabriquées par des laboratoires pharmaceutiques de renommée.
Cette intervention va s’intéresser en particulier à trois périodes de l’histoire des « contraceptifs chimiques » : les efforts faits, dans les années 1930 et 1940, pour les transformer en substances « légitimes » (ethical drugs) ; leur carrière, après la deuxième guerre mondiale, comme des moyens contraceptifs destinés aux pays en voie de développement ; et enfin les efforts, faits dans les années 1990, pour transformer ces substances en moyens de protéger des femmes contre le VIH - Sida.