L’accouchement par césarienne, un risque pour la santé reproductive ? Expériences de trois cohortes de mexicaines
Présenté par Carole Brugeilles (Université Paris Ouest) - Discutante : Nathalie Bajos (INSERM / INED)
La pratique de la césarienne s’est très nettement développée au
cours des dernières décennies. Si 15 % des naissances se font par
césarienne à l’échelle mondiale, cette proportion masque toutefois
de très fortes variations, renvoyant à des problématiques
différentes. Ainsi, la césarienne est rarement pratiquée dans
certaines régions notamment en Afrique et en Asie du Sud-Est, ce
qui est préjudiciable à la santé maternelle et infantile, alors que
dans d’autres comme dans les Amériques, sa fréquence élevée (près
d’un tiers des accouchements) suscite nombre de controverses. En
effet, ses bénéfices semblent se réduire au-delà de 15 % à 20 % des
naissances, limite préconisée par l’Organisation Mondiale de la
Santé. Cette communication propose d’interroger, à partir de la
situation mexicaine, le recours très fréquent à la césarienne et de
montrer l’intérêt pour les démographes de s’intéresser au mode
d’accouchement, au-delà de sa prise en considération dans l’étude
de la mortalité materno-infantile.
Le Mexique connaît un taux de césarienne particulièrement élevé :
43 % des naissances en 2009. Après avoir décrit l’évolution de la
pratique de l’accouchement par césarienne, les articulations entre
mode d’accouchement, fécondité et pratique contraceptive seront
explorées grâce à une enquête biographique, l’enquête démographique
rétrospective mexicaine de 2011 (EDER-2011). Les trajectoires
obstétricales, reproductives et contraceptives de trois cohortes de
femmes nées en 1951-1953, 1966-1968, et 1978-1980 seront
considérées conjointement. Cette analyse permettra d’éclairer à la
fois une augmentation de l’accouchement chirurgical préoccupante en
termes de santé de la reproduction et l’évolution de la fécondité
mexicaine, des pratiques contraceptives en lien avec les normes
sociales et médicales, les programmes de planification familiale et
la politique démographique néomalthusienne. La communication
interrogera ainsi les conséquences d’un tel recours à la chirurgie
lors des accouchements sur le respect de l’ensemble des droits
reproductifs.