Imprégnation des femmes enceintes par les polluants organiques, en France, en 2011
Présenté par Clémentine Dereumeaux (Institut de veille sanitaire) ; discutante : Stéphanie Vandentorren (Agence régionale de santé Ile-de-France)
L’exposition prénatale à certains polluants de l’environnement est suspectée d’entraîner des atteintes néonatales, tels qu’un petit poids à la naissance, une prématurité, ou encore des effets délétères sur le développement de l’enfant à naître, notamment sur le système reproducteur. Le programme national de biosurveillance, mis en œuvre par l’Institut de veille sanitaire (InVS), comporte un volet périnatal s’appuyant sur un sous-échantillon de femmes enceintes incluses dans le volet biologique de la cohorte Elfe. L’objectif de ce volet est d’estimer l’imprégnation des femmes enceintes à certains polluants présents dans l’environnement et de quantifier, si possible, les déterminants de ces niveaux d’imprégnation. Cette estimation repose sur le dosage d’indicateurs biologiques dans des prélèvements (urine, sérum, sang du cordon, cheveux) recueillis chez des femmes enceintes ayant accouché dans un sous-échantillon de maternité en France continentale en 2011.
Cette présentation sera consacrée aux résultats d’imprégnation de ces femmes par le bisphénol A (BPA), certains phtalates et pesticides ; perturbateurs endocriniens, largement utilisés en France. Le BPA, les phtalates et les pyréthrinoïdes (famille d’insecticides) ont été détectés chez près de la totalité des femmes dosées, ce qui confirme le caractère ubiquitaire de l’exposition à ces substances. Les concentrations mesurées sont néanmoins légèrement inférieures à celles mesurées dans les études antérieures françaises et étrangères hormis pour les pyréthrinoïdes. En effet, pour les pyréthrinoïdes, il existe comparativement aux Etats-Unis, une sur-imprégnation des femmes-enceintes en France. Cette sur-imprégnation avait déjà été mise en évidence dans ENNS 2006-2007 (étude nationale nutrition santé) dans une population d’adultes sans exposition particulière. Les déterminants des niveaux d’imprégnation mis en évidence sont cohérents avec les usages et les sources d’exposition connus de ces substances : consommations alimentaires, utilisation de produits d’hygiène, utilisation domestique d’insecticides, etc. Les résultats détaillés du volet périnatal comprenant également l’imprégnation aux métaux, PCB, dioxines, furanes, perfluorés et polybromés seront diffusés en 2016.