Impact préférentiel d’une maladie de carence: le cas de la pellagre
Discutant: Eric Brian (EHESS, INED)
Dans de nombreux pays du monde, à différentes époques, la
consommation de maïs comme unique denrée alimentaire a mené à la
pellagre. Maladie causée par une extrême pauvreté nutritionnelle,
l’avitaminose B 3 est une maladie de carence due à la déficience en
niacine et en tryptophane. Depuis la fin du XVIIIe siècle, en
Italie du Nord et en particulier en Vénétie, la pellagre demeure
endémique jusqu’aux années autour de la Première Guerre Mondiale.
Le bouleversement causé par le « mal de la misère » n’afflige
qu’une seule classe sociale, celle dont l’alimentation est
totalement fondée sur la consommation de polenta de maïs : les
agriculteurs, notamment les journaliers, catégorie professionnelle
particulièrement défavorisée. Fondée sur des sources documentaires
d’origines diverses et entreprise dans une perspective
pluridisciplinaire, cette analyse a voulu retracer les mécanismes
épidémiologiques, sociaux, politiques et démographiques qui ont
mené à la diffusion prioritaire de la pellagre parmi les fermières
vénètes en âge reproductif. L’observation de l’impact démographique
de la maladie sur la population fermière féminine engage
l’observation des conséquences sur la natalité et la fécondité des
populations vénètes de la fin du XIXe siècle.