Homogamie éducative et inégalités de revenu salarial : une perspective de cycle de vie.
Présenté par Vincent Lignon (Ined, CES, Paris 1) ; discutante : Marion Leturcq (Ined)
Au-delà de ses effets sur les trajectoires professionnelles, le niveau de diplôme a un impact important sur les comportements matrimoniaux des individus, notamment le calendrier de formation des unions et les caractéristiques des conjoints potentiels via les phénomènes d’homogamie éducative (i.e. la tendance à l’union d’individus aux caractéristiques éducatives semblables).
Cet article a pour objectif d’en évaluer les conséquences d’un point de vue économique en se centrant sur les inégalités de revenu salarial. En considérant l’ensemble du cycle de vie, nous cherchons notamment à répondre aux questions suivantes : quel est l’impact des trajectoires conjugales sur les inégalités observées initialement entre les individus ? Les revenus salariaux des conjoints ont-ils un effet « redistributif » ou un effet « polarisant » dû à l’homogamie éducative ?
Pour répondre à ces questions, nous construisons et utilisons un modèle de microsimulation dynamique qui permet de simuler les calendriers différenciés d’union des individus d’une génération donnée, leurs trajectoires professionnelles (position sur le marché du travail, carrières salariale) mais également celles de leurs conjoints potentiels.
Sur la base d’un indicateur de revenu intertemporel, notre exercice de microsimulation montre que les revenus des conjoints diminuent les inégalités observées entre les individus d’une même génération de 10% (en variation relative du coefficient de Gini). Si ce résultat suggère que l’effet redistributif des conjoints l’emporte sur l’effet polarisant de l’homogamie éducative, nous montrons que la variation relative du coefficient de Gini serait plus forte d’environ 8% si la mise en couple s’effectuait de manière aléatoire.