Fécondité, partage intra-familial et coûts d’opportunité des enfants. Une étude longitudinale pour l’Allemagne
Présenté par Denis Beninger (Berlin School of Economics) - Discutant : Laurent Toulemon
L’Allemagne allie un taux de fécondité particulièrement bas (1,4
enfant par femme), une offre de travail féminine faible (environ la
moitié des femmes sont employées à temps partiel) et des dépenses
publiques pour la politique familiale élevées (189 milliards
d’euros par an). Une explication pour cet apparent paradoxe sont
les coûts d’opportunité des enfants pour les femmes, résultants à
la fois de la répartition inégale au sein des ménage du partage du
temps consacré aux enfants, et à une politique publique familiale
conservatrice, certes généreuse. Celle-ci inclut des allocations
familiales élevées et la possibilité d’un congé parental payé
jusqu’au deuxième anniversaire de l’enfant. Toutefois, l’offre en
crèche est largement insuffisante et les coûts de garde des enfants
sont élevés. Ceci incite les mères à arrêter de travailler ou
prendre un emploi à temps partiel, avec des effets de long terme
sur leur carrière et des hauts coûts d’opportunité, ou à ne pas
réaliser leur désir d’enfant.
L’objet de cette étude est le dilemme coût d’opportunité vs.
fécondité. Pour cela, nous développons un modèle dynamique
simultané d’offre de travail, de temps consacré à l’enfant et de
fécondité. Pour l’application empirique, nous utilisons le panel
socio-économique allemand. Nous montrons qu’une réforme de la
politique publique en faveur d’une meilleure prise en compte des
coûts d’opportunité des enfants a un effet positif sur l’offre de
travail des femmes ainsi qu’à une répartition plus égalitaire entre
les époux du temps consacré aux enfants. Au contraire l’impact sur
la fécondité est faible.