Fécondité en Europe - Au-delà des nouveaux mythes [EN]

Après au moins deux décennies d’une fécondité sous le seuil de renouvellement dans quasiment tous les pays européens, certaines théories prédisent un renversement de tendance, d’autres parlent au contraire d’un « piège de la faible fécondité ». Plutôt que d’utiliser le classique indicateur conjoncturel de fécondité (TFR), cet article s’appuie sur une vision longitudinale de la fécondité, sur toute la vie, pour montrer l’émergence de deux groupes de pays et régions, respectivement à basse et à haute fécondité. Nous contestons le fondement statistique d’une hausse de la fécondité avec l’amélioration de l’indice de développement humain (IDH) ou tout autre indicateur composite général de ce type, y compris ceux qui prétendent synthétiser les inégalités entre hommes et femmes. Au contraire, nous montrons que les blocages sont beaucoup plus spécifiques et liés à des combinaisons de facteurs particulières dans les différents pays. Nous prévoyons la poursuite d’une fécondité structurelle en dessous du seuil de renouvellement au cours de la seconde moitié du XXIe siècle en Europe, mais à des niveaux très différents. Par ailleurs, les pays germanophones pourraient sortir du piège de la faible fécondité, s’ils adaptent leur système d’accueil de la petite enfance et l’organisation de l’école. En revanche, les pays du sud de l’Europe et les pays de l’ancien bloc soviétique auront plus de mal à s’en sortir en raison de multiples désavantages.