Enquêter dans les bains-douches parisiens

Les établissements de bains-douches municipaux parisiens offrent un cas intéressant – et rare au vu des investigations menées en province, en Italie, au Royaume-Uni et en Belgique - de service public permettant à ceux qui ne peuvent se laver à domicile d’avoir accès à l’eau chaude dans des conditions d’intimité préservée. Si l’origine de ces établissements est contemporaine de la naissance du logement social, et constitue une aventure européenne liée aux nouvelles conceptions de l’hygiène, de la propreté et du confort, les développements ultérieurs varient fortement dans le temps et dans l’espace. Des formes nouvelles apparaissent, liant l’offre de douches à d’autres activités (culturelles, sociales, artistiques), des établissements changent de destination, apparaissent, disparaissent, tandis que le droit à l’eau entre dans la loi. C’est dans un tel contexte, et suite à deux années d’observation participante avec des étudiants de Licence de sociologie, que le projet d’une enquête par questionnaire auprès des usagers des bains-douches municipaux de Paris a pris forme. Cette enquête, qui vise à mieux connaître les usages et les usagers des bains-douches, s’appuie sur des méthodologies rodées, largement inspirées des enquêtes auprès des utilisateurs des services d’aide aux personnes sans domicile. Pour autant, du point soupe au bain-douche, chaque contexte,  chaque type de lieu revêt des spécificités et requièrent adaptations et ajustements. En particulier, enquêter dans les bains-douches municipaux de Paris suppose de s’adapter à une diversité de population peu commune. Ce faisant, la conception de l’enquête ouvre des questions et des pistes  de réflexion méthodologiques intéressantes. A partir de la présentation d’un test récemment conduit dans 4 bains-douches de Paris, il s’agira d’en éclairer les enseignements et les avancées, à la croisée de la méthode et de l’objet de recherche que l’on cherche à comprendre.