Un essai de redressement d’une enquête multimodes multi-échantillons : l’exemple de l’enquête VIRAGE
Présenté par Géraldine Charrance, Christelle Hamel et Stéphane Legleye (Ined) ; discutant : Arnaud Gautier, du département des affaires scientifiques de l’INPES
L’enquête VIRAGE (Violences et rapports de genre), portée par l’INED s’intéresse aux violences subies, à leur contexte de survenue ainsi que leurs conséquences sur les trajectoires individuelles. Cette enquête comporte 7 volets distincts. L’enquête principale est aléatoire et téléphonique en population générale. Au total, 27 000 femmes et hommes âgés de 20 à 69 ans vivant en ménage ordinaire en métropole ont été interrogés. Parallèlement, 6 autres volets ont été conduits sur Internet : les quatre volets universitaires reposent sur une méthodologie aléatoire, tandis que deux autres reposent spécifiquement sur le volontariat. Il s’agit d’une part d’une enquête auprès des victimes de violence ayant eu recours au soutien d’une association et d’autre part d’une enquête auprès des lesbiennes, gays bi et trans (LGBT).
L’étude des violences interpersonnelles en population générale nécessite le recours à des échantillons de grande taille si l’on vise la comparaison de sous-populations de tailles réduites ou l’étude de violences rares ou encore la distinction des victimes entre elles selon la gravité ou les contextes de commission des violences. Toutefois, même lorsque la taille de l’échantillon est importante, il subsiste toujours des questions autour de la représentativité de l’échantillon de répondants dès lors que le taux de participation s’éloigne de 100%. En effet, il est probable que certaines sous-populations spécifiques échappent en partie à l’enquête alors même qu’elles sont particulièrement exposées aux violences, voire même en raison de celle-ci. Ces potentiels défauts sont sources de biais, qui plus est mal corrigés par les méthodes de redressement classique. Les personnes actuellement victimes de violences, notamment conjugales, et une frange de la population que son mode de vie rend moins accessible au téléphone, comme une partie de la population LGBT, sont particulièrement concernés.
Nous présenterons l’enquête téléphonique et l’enquête auprès des LGBT sur Internet. Nous exposons ensuite une méthodologie expérimentale pour 1/ corriger le défaut de couverture de la population LGBT et en réestimer la taille, et 2/ repondérer l’enquête principale tout en intégrant des questionnaires issus de l’enquête Internet afin d’augmenter le nombre de questionnaires LGBT analysables.
Nous présenterons la méthode et les résultats ainsi qu’une discussion des hypothèses et des extensions possibles.
1 : Ined ; 2 : CESP, Univ. Paris-Sud, UVSQ, INSERM, Université Paris-Saclay, Villejuif, France