Emigration urbaine, pauvreté et ajustement structurel au Burkina Faso

le Lundi 17 Octobre 2005 à l’INED, Salle Sauvy.

Emigration urbaine, pauvreté et ajustement structurel au Burkina Faso : une étude longitudinale (1980-1999).
Discutant : André Quesnel (IRD).

À la lumière des statistiques internationales, l'Afrique sub-saharienne est souvent présentée à la fois (1) comme le continent le plus faiblement urbanisé et (2) comme la région soumise aux plus forts taux de croissance urbaine. Pour autant, les rythmes d'urbanisation fléchissent, notamment parce que, dans de nombreux pays, les échanges migratoires se réduisent de moins en moins à un simple « exode rural ». L'émigration urbaine (migration des villes vers les campagnes), en particulier, apparaît comme un mouvement émergent. L'observation ne vaut certes pas pour tous les pays du sous-continent, mais il n'en reste pas moins que l'émigration urbaine a parfois pris une telle ampleur qu'elle surpasse désormais le flux inverse dans les échanges entre milieux urbain et rural : en Zambie ou en Côte d'Ivoire, par exemple, on observe des processus de contre-urbanisation.


Pour expliquer cette tendance, un large consensus se dessine dans la littérature pour dénoncer la montée de la pauvreté urbaine dans un contexte d'application de plans d'ajustement structurel destinés précisément, entre autres choses, à réduire les écarts entre villes et campagnes. La causalité se déclinerait ainsi à deux niveaux. Au niveau macro-économique, les diverses mesures qui accompagnent les plans d'ajustement structurel seraient de nature à infléchir, voire inverser les tendances migratoires. Et, au niveau micro des individus ou des ménages, l'émigration urbaine procéderait d'une stratégie d'adaptation à la pauvreté, voire d'une stratégie de survie.


Ces hypothèses, devenues fréquentes dans la littérature, n'ont pas ou peu fait l'objet de vérifications empiriques. C'est la lacune que voudrait partiellement combler cette communication en exploitant les données longitudinales de l'enquête nationale « Dynamique migratoire, insertion urbaine et environnement » (EMIUB) réalisée au Burkina Faso en 2000. Utilisant un modèle d'analyse biographique, on propose une étude des déterminants de l'émigration urbaine afin de chercher (1) si les indices de pauvreté jouent un rôle essentiel dans la mise en mouvement des individus des villes vers les campagnes et (2) si la mise en oeuvre d'un ajustement structurel dans ce pays a modifié les logiques migratoires.