Déclarer (ou non) ses partenaires lors d’enquêtes sur les comportements sexuels: faible fiabilité des réponses et conséquences pour la prévention du VIH au sein d’une population suivie du Malawi
Discutante : Nathalie Beltzer (ORS IdF)
L’objectif de cette présentation est de mesurer de façon précise
la fiabilité des données sur les relations sexuelles collectées
lors d’enquêtes par sondages en Afrique subsaharienne. Nous nous
appuyons sur une enquête conduite entre 2005 et 2008 à Likoma, une
petite île située au milieu du lac Malawi et où la prévalence du
VIH atteint plus de 10% parmi les adultes. Après un recensement
initial, nous avons interrogé tous les habitants de l’île âgés de
18 à 49 ans et leur avons demandé d’identifier de façon précise
leur-s partenaire-s sexuel-le-s. Ces données uniques nous
permettent non seulement de reconstituer les réseaux sexuels qui
connectent les membres de cette population et diffusent le VIH,
mais aussi de confronter les déclarations d’un-e enquêté-e aux
déclarations de ses partenaires potentiel-le-s, et ce, quelle que
soit la nature de la relation (mariage, union plus informelle ou
occasionnelle). Nous découvrons ainsi que les enquêté-e-s
sous-déclarent une large proportion de leurs relations, en
particulier celles qui sont pré ou extraconjugales, qui ont été
récemment rompues et qui n’ont pas duré longtemps. Cette
sous-déclaration entraîne d’importants biais dans l’estimation des
principaux indicateurs des comportements à risque, pouvant
éventuellement mener à la formulation de mesures de prévention
inadaptés aux principaux facteurs de risques.