Conséquences de la canicule d’août 2003 sur la mortalité en France
Discutante : Anne Fouillet (Inserm)
En août 2003, la France a connu une vague de chaleur sans précédent. Environ 15000 des quelques 56500 décès qui se sont produits au cours du mois d’août 2003 lui sont attribués.Pour comprendre les ressorts de ce phénomène, nous avons mesuré l’effet immédiat de cette canicule, mais également au cours des jours et des mois qui l’ont suivie. En effet, l’impact démographique se mesure par le nombre de décès directement ou indirectement attribuables à la canicule de 2003, mais dépend également du temps qu’auraient encore vécu les personnes qui sont décédées, et donc des décès « évités » au cours des mois suivants.D’après les tables de mortalité, les personnes décédées de la canicule avaient encore près de dix ans à vivre, compte tenu de leur sexe et de leur âge, sous l’hypothèse qu’elles n’étaient ni plus ni moins fragiles que les autres. L’hypothèse inverse suppose que les personnes décédées du fait de la canicule sont celles qui, du fait d’un état de santé antérieur précaire, seraient de toute façon décédées dans les mois, voire les semaines à venir. À partir des décès mensuels par département pour les années 1997 à 2004, fournis par l’Insee, nous avons pu comparer la sur-mortalité d’août 2003 et la série des décès pendant les mois suivants. Nous concluons à la présence d’un creux significatif mais faible là où la sur-mortalité a été la plus forte. Nous montrons aussi que cet épisode a coïncidé avec un changement de régime de mortalité et nous discutons le lien entre les deux phénomènes.