Comment vivre dans un monde vieillissant ? Les personnes âgées en France, 1800-1940
Comment vivre dans un monde vieillissant ? Les personnes âgées
en France, 1800-1940.
Discutant : Elise Feller (Lasmas).
Comparé aux autres pays européens, le vieillissement de la population a été, en France, particulièrement précoce. La part des personnes âgées de plus de soixante ans passe de 8,5% à 12,5% de la population entre la première moitié du XIXième siècle et l'entre-deux-guerres. Il ne fait guère de doute que cette évolution affecte aussi bien l'organisation de la société que les liens au sein de la famille. Or, simultanément, si l'on observe l'évolution de la fortune des Français, mesurée au décès dans la longue durée, on constate que la part de ceux qui meurent sans rien laisser derrière eux augmente, et cette évolution est valable à tous les âges. Partant de ce double constat, on cherche à analyser les stratégies que déploient les individus âgés pour vivre leur vieillesse, autour de trois types de ressources : les ressources économiques individuelles, les ressources familiales et les ressources publiques.
L'analyse de la distribution des ressources économiques entre générations et au sein de chacune d'elles montre l'hétérogénéité du groupe des vieux et donc des stratégies de survie mises en oeuvre, du point de vue de la richesse accumulée au cours de la vie active, mais aussi de la résidence (rural/urbain), du genre (homme/femme) ou de l'état marital (marié/célibataire). Au niveau micro, on montre que, si l'épargne n'est une solution que pour une petite minorité, elle permet l'accès à d'autres ressources (aide familiale par exemple) et constitue une alternative au maintien d'une activité. S'il y a un effet d'éviction réel aux grands âges entre épargne et travail, il n'est pas possible d'en identifier un entre épargne et retraite. Cette dernière permet au contraire un accès plus large à l'épargne.
On observe finalement que l'importance croissante des personnes âgées dans la population française a été accompagnée par un rôle croissant des soutiens publics plus que par l'accumulation individuelle de richesse ou le renforcements des solidarités familiales, selon des formes variables suivant la richesse et la situation sociale des individus.