"Se débrouiller avec peu d’argent en milieu rural : la propriété, une sécurité inégalement possédée, valorisée et valorisable"
"Se débrouiller avec peu d’argent en milieu rural : la propriété, une sécurité inégalement possédée, valorisée et valorisable"
Intervenante : Fanny Hugues (doctorante en sociologie au Cems, Centre d’Études des Mouvements Sociaux, UMR EHESS/CNRS- Inserm) ; discutante : Anne Lambert (chercheuse & responsable UR06 logements, inégalité spatiales & trajectoires, chercheuse UR04 & M52)
Sur les quarante membres des classes populaires et petit·e·s intermédiaires rencontré-es en milieux ruraux dont les styles de vie reposent sur la "débrouille", près des trois quarts sont propriétaires. Il s’agit majoritairement de maisons progressivement rénovées, et pour un tiers de terrains sur lesquels sont posés des habitats légers, quand un seul couple a investi dans du « neuf ». Comment ces personnes, peu dotées économiquement, ont-elles accédé à la propriété sans ou avec un faible crédit (à l’exception de ce dernier couple) ? En quoi les modes d’accès sont-ils inégalitaires ? Qui sont celles – essentiellement – qui n’y ont pas eu accès, et pourquoi ? En quoi la propriété, si elle ne fait pas l’objet d’un eldorado de longue date pour les personnes rencontrées, constitue-t-elle pourtant une quête de sécurité uniformément partagée ? Par ailleurs, la propriété constitue une ressource inégalement valorisée et valorisable au regard de certaines trajectoires sociales. D’une part, elle constitue pour certain·e·s un appui pour une forme de petite ascension sociale, lorsque la rénovation à l’aide de ses savoirs-faire ou de ceux de son entourage lui fait prendre de la valeur ou qu’elle devient un support d’activité marchande et donc pourvoyeuse de revenus. D’autre part, elle peut servir à amortir un (petit) déclassement et à se maintenir à relative distance des franges les plus précarisées de l’espace social.
Biographie de Fanny Hugues
Doctorante en sociologie à l’EHESS, mes recherches portent sur les styles de vie de "débrouille" de classes populaires et de petit·es intermédiaires vivant dans plusieurs milieux ruraux français. A partir d’une enquête d’ethnographie comparée et ethnocomptable, j’explore les différentes pratiques constitutives de ces modes de vie, les ressources (non) monétaires sur lesquelles ils reposent ainsi que les rapports aux enjeux environnementaux de chacun et chacune, le tout en regard avec leurs socialisations et trajectoires de vie.