Violences sexuelles chez les homosexuels et bisexuels :

Communiqué Publié le 18 Novembre 2024

Diversité des modes de vie et vulnérabilités spécifiques

Les violences sexuelles subies par les hommes homosexuels et bisexuels ont fait l’objet d’une attention croissante ces dernières années, notamment avec l’essor du mouvement #MeTooGay. Cependant, ces violences ont souvent été étudiées sous l’angle des abus sexuels durant l’enfance, négligeant les violences à l’âge adulte, ainsi que la diversité des modes de vie et les différentes manières de vivre ces violences. En s’appuyant sur l’enquête Virage-LGBT réalisée par l’Ined (2015-2016), cette étude apporte un éclairage inédit en révélant que les violences subies varient selon les modes de vie, tout en montrant que les violences continuent à l’âge adulte, y compris dans de le cadre de relations intimes.

Des violences diverses selon les situations et les modes de vie

Selon l’enquête, 9 % des répondants déclarent avoir subi des violences dans le cadre familial avant l’âge de 18 ans, un peu moins de 6 % dans des espaces publics au cours de leur vie, et 2 % au sein de leur couple. Quelle que soit la sphère où ces violences se produisent, 2 % des hommes rapportent avoir été victimes de viols ou de tentatives de viol au cours des 12 derniers mois (voir tableau 1 ci-dessous).

Les comparaisons internationales des taux de violences subies sont difficiles en raison des différences dans les dispositifs d’enquête, les délimitations des populations et les formulations des questions. Les perceptions et déclarations des violences varient selon les contextes nationaux, les politiques publiques et la formation des professionnels. En France, malgré une meilleure visibilité des violences sexuelles liée aux mouvements #MeToo et #MeTooGay, ce sujet restait peu présent dans l’espace public en 2015-2016, et 86 % des répondants n’ont déclaré aucune violence, bien que certains aient signalé des violences sévères. Les chiffres de cette enquête sous-estiment probablement l’ampleur réelle du phénomène.

Des violences sexuelles lors des premiers rapports

Pour une part non négligeable des homosexuels et bisexuels, l’entrée dans la sexualité se fait sous la contrainte : 2 % des répondants ont eu un premier rapport forcé, et 11 % ont vécu un rapport sexuel « cédé » (non souhaité mais accepté). L’âge médian lors du premier rapport sexuel varie selon la contrainte : 11 ans pour un rapport forcé, 16 ans pour un rapport cédé, et 18 ans pour un rapport souhaité.

Des liens forts entre violences sexuelles et état de santé dégradé

Cette étude montre que les hommes ayant subi des violences sexuelles, que ce soit durant l’enfance ou à l’âge adulte, sont plus enclins à souffrir de graves troubles de santé mentale, tels que des idées suicidaires, des épisodes dépressifs majeurs, des tentatives de suicide, ainsi que des troubles alimentaires comme la boulimie. Ils présentent également un risque accru de séropositivité. Cette vulnérabilité est particulièrement marquée chez ceux qui cumulent des violences dans l’enfance et à l’âge adulte. Ces hommes sont souvent plus jeunes, moins favorisés socialement, et leur homosexualité est moins souvent connue et plus souvent rejetée par leur entourage.

En résumé

Les homosexuels et bisexuels sont confrontés à des violences sexuelles dans divers contextes et à différentes étapes de leur vie : durant l’enfance, souvent au sein du cadre familial ; lors de l’entrée dans la sexualité ; dans les espaces publics, y compris dans les lieux de sociabilité sexuelle ; et au sein de leur couple. Bien que ces violences soient largement influencées par l’hétéronormativité, ces violences surviennent également entre hommes, même dans des espaces supposés « safe ». En se focalisant principalement sur les abus subis durant l’enfance, on tend à occulter les réalités des violences à l’âge adulte au sein des minorités sexuelles masculines, ce qui limite la mise en place de stratégies de prévention adaptées à la diversité de leurs modes de vie.