« Très masculin », « pas très féminine » : les variations sociales du genre
Communiqué Publié le 09 Novembre 2022
Auteur : Mathieu Trachman
Dans la vie quotidienne comme dans les enquêtes statistiques, le genre renvoie le plus souvent à une séparation des individus en deux groupes, celui des femmes et celui des hommes. Cette approche binaire a ses limites. Les individus peuvent en effet se sentir plus ou moins féminins, plus ou moins masculins : il existe ainsi des variations de genre internes au groupe de sexe. Combien de femmes se disent peu ou très féminines ? Combien d’hommes se disent peu ou très masculins ? Qui sont-elles et qui sont-ils ? L’enquête Virage de l’Ined renseigne ces différences de féminités et de masculinités, peu prises en compte dans les enquêtes statistiques. S’appuyant sur l’enquête, Mathieu Trachman explique que ces positionnements sont des manières de se distinguer au sein des groupes de sexe.
La majorité des femmes se disent plutôt féminines et la majorité des hommes plutôt masculins. On enregistre sans doute ici le sentiment d’être « normal » du point de vue du genre. Pour autant, les positionnements de genre ne s’organisent pas de la même manière selon le sexe : un tiers des hommes se disent très masculins, alors que moins d’un quart des femmes se disent très féminines ; un peu plus de 9 % des femmes se disent « pas très féminines », alors que seuls 2 % des hommes se disent « pas très masculins ». Les variations du genre selon le sexe reflètent sans aucun doute une dévalorisation du féminin par rapport au masculin, mais elles peuvent relever une distance à l’égard d’une norme désirée ou le refus d’un rôle assigné.
L’étude examine également la manière dont les normes de genre peuvent être liées à l’apparence physique et la corpulence, l’identification sexuelle (selon que la personne enquêtée se dit hétérosexuelle, bisexuelle, homosexuelle) mais aussi la façon dont le niveau de diplôme et de la catégorie socioprofessionnelle peuvent faire varier les positionnements de genre. Ceux-ci apparaissent alors comme des questionnements sur ce qu’est être un homme ou une femme, qui sont pour une part des manières de se distinguer au sein des groupes de sexe.