Surmortalité durant la pandémie de Covid-19 : de forts contrastes régionaux en Europe
Communiqué Publié le 17 Septembre 2024
La pandémie de Covid-19 a provoqué une surmortalité généralisée en Europe. Une nouvelle étude publiée dans la prestigieuse revue Nature Communications et menée conjointement par l’Institut national d’études démographiques (Ined) et l’Institut fédéral de recherche sur la population (BiB, Allemagne), offre une première analyse détaillée des disparités régionales de cette surmortalité en Europe en 2020 et 2021.
Pour cette étude, les chercheurs ont estimé quelle aurait été l’espérance de vie à la naissance en 2020 et en 2021 si la pandémie n’avait pas eu lieu à partir des tendances historiques de chaque région jusqu’en 2019. Ils ont ensuite comparé ces projections aux espérances de vie réelles. Leurs résultats, qui couvrent 569 régions réparties dans 25 pays européens, révèlent de fortes disparités spatiales souvent occultées dans les analyses à l’échelle nationale.
Près de 4 ans d’espérance de vie perdus dans le nord de l’Italie en 2020
En 2020, les régions du nord de l’Italie, du sud de la Suisse, du centre de l’Espagne et de l’est de la Pologne ont perdu plus de deux ans et demi d’espérance de vie selon Florian Bonnet, premier auteur de l’étude. Dans les provinces de Bergame, Crémone et Plaisance (nord de l’Italie), épicentres de la pandémie en février 2020, la perte d’espérance de vie a été particulièrement spectaculaire, proche de quatre ans (cf. carte). A l’opposé, de nombreuses régions allemandes, danoises, norvégiennes, suédoises ou du sud de l’Italie présentent une espérance de vie proche de ce qui était attendu. En France, c’est en région parisienne et près de la frontière allemande que l’espérance de vie a le plus chuté (entre un an et demi et deux ans), tandis que l’ouest du pays a été épargné.
Un glissement vers l’Europe de l’est en 2021
En 2021, la surmortalité s’est déplacée vers l’est de l’Europe. Les régions où les pertes d’espérance de vie ont été supérieures à deux ans se situaient en Pologne, en Tchéquie, en Hongrie, et en Slovaquie ; seules une région italienne et une espagnole faisaient partie de ce groupe, alors que ces deux pays avaient été fortement touchés en 2020. En Allemagne, un contraste marqué opposait l’est du pays très touché à l’ouest qui l’a été beaucoup moins. En France, les valeurs étaient plus homogènes qu’en 2020, avec des pertes d’espérance de vie globalement proches d’une année. Comme en 2020, la surmortalité en 2021 a été la plus élevée en Seine-Saint-Denis.
Des régions françaises situées au-delà du 80ème rang
Enfin, les chercheurs ont tiré un bilan global de la pandémie grâce à un indicateur additionnant les années de vie perdues en 2020 et 2021, afin de classer les 569 régions de leur étude. Parmi les 50 régions les plus touchées, celles situées en Europe de l’est sont largement majoritaires : on y retrouve 36 régions polonaises, six slovaques, deux tchèques, une hongroise ainsi que les deux régions lituaniennes. Les provinces de Cremone, Bergame et Plaisance, très fortement touchées en 2020, complètent ce groupe entre la 15ème et la 30ème place. En ce qui concerne la France, le premier département est celui de la Seine-Saint-Denis qui apparaît au 81ème rang ; le Val d’Oise est au 115èmerang, l’Essonne au 130ème. Tous les autres départements sont situés au-delà de la 150ème place.