Les différences de revenus au sein du couple augmentent-elles le risque de séparation ?
Communiqué Publié le 30 Septembre 2024
Avec l’essor des couples bi-actifs et la progression du niveau d’éducation des femmes, les situations où celles-ci gagnent plus que leur partenaire sont de plus en plus fréquentes. En 2017, un quart des couples en âge de travailler se trouvait dans cette configuration, contre un sur cinq en 2002. Une nouvelle étude, basée sur les données de l’Échantillon Démographique Permanent (EDP), examine pour la première fois en France les liens entre les écarts de revenus au sein du couple et le risque de séparation.
Un risque de séparation accru lorsque la femme gagne davantage
Lorsque la part des revenus de la femme dépasse 55 % du revenu total du couple, le risque de séparation augmente significativement. Ces couples présentent un risque de rupture supérieur de 11 à 40 % (selon l’ampleur de la contribution de la femme) par rapport aux couples dont les revenus sont équitablement répartis. Le risque de séparation croît à mesure que la part des revenus de la femme augmente.
Des différences selon le type d’union
De manière générale, les couples en union libre présentent un risque de séparation plus élevé que ceux mariés ou pacsés. Mais comment ces écarts de revenus influencent-ils chaque type d’union ? Quel que soit le statut (mariés, pacsés ou cohabitants), le risque de séparation est plus élevé lorsque la femme gagne plus que son conjoint. Cependant, quelques nuances apparaissent. Chez les couples pacsés, l’association entre les écarts de revenus et le risque de séparation est moins marquée. Pour les couples en union libre, un partage relativement égal des revenus semble renforcer la stabilité de l’union. En revanche, dans les couples mariés, la stabilité est plus grande lorsque l’homme est le principal soutien financier du ménage (voir graphique ci-dessous).
Un risque de séparation plus élevé même parmi les jeunes couples
Même si le risque de séparation diminue avec l’âge, en particulier après 50 ans, les couples où la femme est la principale pourvoyeuse de revenus sont confrontés à un risque de séparation plus élevé que les autres quel que soit leur âge. Ce risque accru de séparation est donc également présent chez les jeunes couples, issus de générations ayant pourtant grandi avec des normes de genre plus égalitaires que celles des générations précédentes.
La persistance des normes traditionnelles
Le risque systématiquement plus élevé de séparation dans les couples où la femme est la principale source de revenus, quelles que soient les caractéristiques du couple, suggère davantage des difficultés conjugales pour ces couples hors-norme, qui ne suivent pas le modèle dominant de l’homme « gagne-pain ». C’est le cas même dans un pays comme la France, où l’emploi des femmes est élevé et soutenu par des politiques familiales. Une autre possible interprétation viendrait des femmes financièrement plus dotées que leur conjoint pour qui la séparation pourrait être plus envisageable en cas d’insatisfaction conjugale, car elles ont les capacités financières de vivre sans conjoint.