France : la fécondité la plus élevée d’Europe
Communiqué Publié le 09 Mars 2020
Population & Sociétés n° 575, mars 2020
Auteur : Gilles Pison
L’indicateur de fécondité est resté stable en France entre 2018 et 2019 après avoir baissé de 2,02 enfants par femme en 2010 à 1,84 en 2018. De telles fluctuations ont-elles eu lieu ailleurs ? Replaçant le niveau et les tendances de la fécondité en France parmi ceux observés dans les pays voisins, Gilles Pison montre l’originalité de la situation française en Europe et dans le monde.
La fécondité est en général élevée en Europe du Nord et faible en Europe du Sud. Pour expliquer ce contraste, les démographes évoquent le statut des femmes, plus défavorable au Sud qu’au Nord : les inégalités entre hommes et femmes y sont plus marquées et les tâches au sein du couple, moins bien partagées. Les politiques visant à favoriser le travail des femmes et à leur permettre de concilier travail et famille y sont également moins développées. Enfin, la société considère que la maternité n’est pas compatible avec un emploi au moins dans les premières années de l’enfant. Si une femme en a un, elle risque de devoir arrêter de travailler et rester à la maison pour s’en occuper. Or les femmes ne souhaitent pas d’une vie de mère au foyer comme leurs mères ou leurs grand-mères. Les couples repoussent donc à plus tard l’arrivée d’un enfant s’il ne leur est pas possible de concilier travail et famille.
Dans les pays ex-communistes du centre et de l’est de l’Europe, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’est effondré après la chute du Mur de Berlin en 1989. La transition vers une économie de marché qui a suivi a initié une période d’austérité économique (déréglementation du marché du travail, restructurations industrielles, montée du chômage, creusement des inégalités de revenu). Les politiques sociales de l’État ont reculé de leur côté, la garde prolongée des jeunes enfants étant par exemple supprimée, et les allocations se réduisant du fait de l’inflation. Les jeunes femmes qui auraient dû alors avoir leurs enfants ont repoussé leurs naissances à plus tard. L’indicateur y est resté très bas pendant une décennie. Mais il est en train de se relever rapidement dans un certain nombre d’entre eux depuis quelques années.
Quant à la France, il convient de relativiser la baisse de son indicateur ces dernières années. Aux États-Unis, l’indicateur de fécondité atteignait 2,12 enfants par femme au début de la crise, en 2007, et il a reculé à 1,73 enfant en 2018 (soit une baisse de 23 %). Au Royaume-Uni, il a reculé de 1,96 en 2008 à 1,68 en 2018 (une baisse de 17 %). La France, sans faire exception, a connu une baisse bien plus modeste (moins 8 % entre 2008 et 2018). Malgré la diminution récente, la France reste le pays d’Europe où la fécondité est la plus élevée en 2018. Sans doute un résultat des politiques sociales et familiales qui ont amorti le choc de la crise et les effets du chômage.
Date de parution : 11/03/2020
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