Comment le temps consacré au sommeil diffère selon le milieu social et le nombre d’enfants

Communiqué Publié le 16 Octobre 2023

Auteure : Capucine Rauch

Combien de temps consacre-t-on au sommeil ? Quels individus y allouent le plus de temps ? Si le sommeil est un besoin physiologique qui varie avec l’âge ou l’état de santé, il n’est pas uniquement déterminé par des nécessités biologiques. S’appuyant sur trois enquêtes Emploi du temps, Capucine Rauch montre que le temps que l’on consacre au sommeil est socialement structuré : il est genré, varie en fonction des contraintes liées à la vie familiale ou au travail et en fonction des catégories socio-professionnelles. L’article analyse également les principales évolutions observables entre le milieu des années 1980 et la fin des années 2000.

En 25 ans, le temps consacré au sommeil est resté stable, sauf pour les personnes âgées pour qui il a diminué. Sa place dans les emplois du temps n’est pas restée figée pour autant. Les nuits se sont décalées et les individus se couchent de plus en plus tard, en partie en raison de l’essor de la télévision. Ainsi, en 2009, il faut attendre minuit pour avoir les trois quarts de la population au lit, contre 23h30 en 1998 et 23h15 en 1985.

Le temps de sommeil est lié au genre et à l’activité professionnelle. Le sommeil des femmes est plus contraint par la présence d’enfants que celui des hommes : la perte de temps de sommeil liée à la présence d’un enfant de moins de 2 ans est deux fois plus importante pour les mères que pour les pères.

Travailler diminue le temps de sommeil, mais l’effet de l’activité n’est pas le même pour toutes les catégories socioprofessionnelles. Les cadres consacrent au sommeil le temps le plus court (environ 8h00), soit vingt à trente minutes de moins que les autres catégories socioprofessionnelles. Toutefois, ce temps varie aussi selon que le jour est travaillé ou non. Les ouvriers sont ceux dont le sommeil varie le plus entre les jours travaillés et les jours non travaillés.

A la retraite, les habitudes de sommeil liées aux rythmes de la vie professionnelle se maintiennent. Les retraités, anciennement cadres ou occupant une profession intermédiaire dorment moins longtemps que les agriculteurs et les ouvriers.

Les résultats de cet article sont issus d’une thèse de doctorat préparée à l’Ined et à l’école doctorale de Sciences Po, « Le sommeil, une variable d’ajustement ? Différences sociales et genrées au cours du cycle de vie », accessible sur http://hdl.handle.net/20.500.12204/AYUu_A1dLg0aT10RuaV3