30 ans après la Conférence du Caire :
Quel bilan des droits sexuels et reproductifs à travers le monde ?
Communiqué Publié le 23 Septembre 2024
Population & Sociétés n° 625, septembre 2024
Auteures : Valentine Becquet (Ined), Mireille Le Guen (UCLouvain), Céline Miani (Ined-Université de Bielefeld), Virginie Rozée (Ined), Heini Väisänen (Ined)
En septembre 2024, nous célébrons les 30 ans de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) du Caire, un tournant historique dans la reconnaissance des droits sexuels et reproductifs comme droits humains fondamentaux. À cette occasion, les chercheures Valentine Becquet, Mireille Le Guen, Céline Miani, Virginie Rozée et Heini Väisänen publient une analyse approfondie sur l’évolution de ces droits dans le monde.
Le Programme d’Action du Caire, signé par 179 pays en 1994, avait pour ambition d’améliorer l’accès à la contraception, de réduire la mortalité maternelle et infantile et de promouvoir l’égalité des sexes. Trente ans plus tard, où en sommes-nous ?
Des avancées notables et des défis persistants
L’accès à la contraception a indéniablement progressé, avec une réduction notable des grossesses non intentionnelles et une augmentation de l’usage de contraceptifs modernes. Cependant, les inégalités persistent : l’accès aux méthodes contraceptives reste limité pour de nombreuses populations, et la responsabilité en matière de contraception repose encore majoritairement sur les femmes.
Au cours des dernières années, le droit à l’avortement connaît une évolution contrastée à travers le monde. Si plusieurs pays comme l’Argentine, le Mexique et la Colombie ont légalisé l’avortement, d’autres, comme les États-Unis et la Pologne, en ont restreint l’accès, avec des conséquences dramatiques sur la santé des femmes.
En matière d’infertilité, l’aide médicale à la procréation (AMP) a permis à 670 000 enfants de naître en 2018 grâce à des techniques modernes. Toutefois, l’accès à ces services reste profondément inégalitaire, souvent réservé aux populations les plus aisées.
Des menaces persistantes sur les droits fondamentaux
Malgré ces avancées, de nombreux défis subsistent. Les violences obstétricales et gynécologiques continuent de toucher les femmes dans de nombreux pays, exacerbées par une surmédicalisation des grossesses et des naissances. Les communautés LGBTQI+ et les populations racisées, pauvres ou en situation de handicap sont toujours marginalisées et voient leurs droits bafoués dans de nombreuses régions du monde.
Perspectives d’avenir
En 2024, bien que des progrès significatifs aient été accomplis, il reste encore beaucoup à faire pour que les droits sexuels et reproductifs soient pleinement reconnus et exercés dans tous les pays.
En savoir plus sur le sujet : L’Ined célèbre cet anniversaire à travers un cycle de conférences et de ciné-débats pour réfléchir aux actions futures nécessaires afin d’assurer à toutes et tous le plein exercice de leurs droits : « ICPD - 30 ans de droits sexuels et reproductifs »
⇒ Pour plus d’informations sur ces événements : https://icpd30.site.ined.fr/ |