Vieillissement démographique et migrations : quand les Nations Unies veulent remplir le tonneau des Danaïdes
Population and Societies
n° 358, June 2000
- Les scénarios des Nations unies
- Des résultats absurdes... mais prévisibles !
- Bonnes et mauvaises manipulations démographiques
- Quelles seraient les bonnes questions ?
- Les hypothèses des projections des Nations unies
- D'autre scénarios...
Le rapport sur les « migrations de remplacement » publié par les Nations Unies en mars 2000 [1] n'est pas passé inaperçu. Constatant que l'évolution démographique probable des pays développés, notamment européens, conduira dans la plupart d'entre eux à un excédent des décès sur les naissances, à terme plus ou moins rapproché (parfois déjà atteint), ainsi qu'à un vieillissement accentué de la population, les experts des Nations unies se sont demandé si l'on pouvait compter sur l'immigration pour combler ces déficits et rééquilibrer la pyramide des âges. La population de l'ensemble de l'Union européenne, par exemple, devrait commencer à diminuer avant 2010 et revenir en 2050 au niveau qui était celui du même ensemble de pays en 1965 ; quant à la part des personnes âgées de 65 ans et plus, elle devrait passer de 16 % actuellement à 29 % dans cinquante ans. De telles perspectives invitent indiscutablement à la réflexion.
La division de la population des Nations Unies a acquis une grande expérience en matière de projections démographiques mondiales. Nous avons examiné récemment, ici même, l'ensemble des projections réalisées depuis 1950 [2] et montré que les scénarios centraux proposés au fil des années avaient assez bien annoncé l'évolution réelle de la population mondiale.
Mais le calcul du niveau de migrations nécessaire pour contrecarrer certaines évolutions démographiques, appelé migrations de remplacement, est d'une tout autre nature. L'idée est, en elle-même, assez naturelle. Encore faut-il ne pas la traiter de façon simpliste et en fixer les objectifs avec discernement.