Minorités de genre et de sexualité
Objectivation, catégorisations et pratiques d'enquête
Collection : Méthodes et savoirs
n° 13, 2023, 288 pages
Wilfried Rault et Mathieu Trachman, « Introduction : entre volonté d'inclusion et questionnement des routines statistiques »
Première partie. Mesurer des populations minoritaires
1. Florence Maillochon, « La mesure des bisexualités chez les jeunes. Le cas des enquêtes sur la sexualité et la santé des adolescent‧es »
2. Wilfried Rault, « La visibilité statistique des couples de même sexe dans les grandes enquêtes »
3. Michal Raz, « Définir, dénombrer et visibiliser les variations intersexes »
4. Stéphane Legleye et Géraldine Charrance, « Estimer la taille de la population LGB en France : sous-déclaration et effet de mesure »
Deuxième partie. Objectiver des expériences spécifiques
5. Annie Velter, Lucie Duchêne, Nathalie Lydié et le groupe Prevagay, « Des modes de vie aux espaces de collecte : les échantillons d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes »
6. Colin Giraud, « Au-delà de la visibilité urbaine. Une approche qualitative des homosexualités rurales et périurbaines »
7. Michael Stambolis-Ruhstorfer, « Mobiliser le regard migratoire pour comprendre les catégories sexuelles »
8. Mathieu Trachman, « La mesure des variations du genre. Féminités, masculinités et minorités sexuelles »
Troisième partie. Questionner et produire les catégories d’enquête
9. Joseph Larmarange et Christophe Broqua, « Orientation sexuelle et identité de genre : quelles catégories d’enquête en Afrique subsaharienne ? »
10 Gaëlle Meslay, « Comprendre les choix d’union chez les personnes homo-bisexuelles »
11. Emmanuel Beaubatie, « Renseigner et catégoriser le genre : leçons tirées d’une enquête sur les trans’ »
12. Tania Lejbowicz, « Les bisexualités féminines : une approche par configurations sexuelles »
Mathieu Trachman et Wilfried Rault, « Postface. Le façonnement des minorités et la diffusion des potentiels minoritaires »
Issu d'une journée d’étude, cet ouvrage aborde les questions d’ordre méthodologique que pose l’émergence des minorités de genre et de sexualité dans les enquêtes statistiques et plus largement les sciences humaines et sociales. À partir d’enquêtes existantes, les auteurs analysent les techniques de production de données chiffrées sur ces populations, souvent difficiles à atteindre. Ce type de contrainte méthodologique nécessite des outils et des dispositifs d’enquête spécifiques.
Comment étudier les personnes homo-bisexuelles et trans dans les enquêtes de sciences sociales ? Quelle proportion de la population représentent-elles ? Ont-elles des caractéristiques sociodémographiques et plus largement des expériences sociales qui les distinguent des personnes hétérosexuelles ? L’essor récent des enquêtes en France concernant les minorités de genre et de sexualité a conduit de nouvelles générations de chercheurs à élargir le champ des recherches menées dans les années 1980 et 1990, marquées par les enjeux de santé, et qui privilégiaient les gays et leurs modes de vie. La reconnaissance légale du couple de même sexe a permis à l’émergence de travaux sur la conjugalité. Les recherches sur les minorités de genre et de sexualité ont porté sur d’autres minorités et sur des thématiques plus diversifiées. Leur petit nombre, la difficulté d’en cerner les contours, le manque de connaissance sur leur répartition dans l’espace social pose la question de la représentativité des données. Élaborer des outils pour saisir des expériences spécifiques conduit souvent à questionner les impensés des techniques d’enquête en matière de genre et de sexualité.
L’ouvrage, organisé en trois parties, couvre trois axes de recherche : les enjeux de mesure ; les expériences différenciées et les catégories d’enquête. Destiné aux chercheurs en sciences sociales, il offre un état des lieux et des analyses pertinentes permettant de mieux saisir les expériences de ces groupes et ouvrir de nouvelles perspectives de recherches.
Wilfried Rault est sociologue, directeur de recherche à l'Ined et chercheur associé à l'Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Iris / EHESS). Ses recherches étudient les transformations de la famille et de la vie privée, notamment la formation des couples et les minorités sexuelles. Il a piloté, avec Arnaud Régnier-Loilier, l'Étude des Parcours Individuels et Conjugaux (Ined-Insee, 2013-2014).
Mathieu Trachman est sociologue, chargé de recherche à l’Ined et chercheur associé à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Iris/EHESS). Ses recherches portent sur les évolutions du genre et de la sexualité, et particulièrement sur les dynamiques démographiques des minorités sexuelles et les violences.