Mathématiques et action politique
Etudes d'histoire et de philosophie des mathématiques sociales. Sous la direction de Thierry Martin.
Collection : Études et enquêtes historiques
2000, 230 pages- Liminaire de É. Brian
- Introduction de T. Martin
- La théorie des jeux. Contributions critiques à la théorie de la valeur, G.-T. Guilbaud Machiavel et la praxéologie mathématique, M. Barbut
Expertise politique et normativité multilatérale, E. Picavet - Remarques sur la formation des notions d'utilité et de préférence et les limites de leur mathématisation en sciences sociales, D. Parrochia
Mathématiques de l'action et réalité empirique, T. Martin - Les Mathématiques sauraient-elles nous sortir de la crise économique ? X-Crise au fondement de la technocratie, M. Armatte
La méthode géométrique au service du pouvoir en Italie aux XVIe et xviie siècles, M. Bianchini - Peut-on vraiment compter la population ? É. Brian
- Statistique de l'État et statistique mathématique. Un texte-manifeste remarquable d'Emil Julius Gumbel : " Statistique et lutte des classes " (1928), S. Hertz
- Statistique et lutte des classes. Réflexion programmatique, E. J. Gumbel
L'action politique met en jeu des niveaux d'analyses et d'interventions si variés et interdépendants que le recours aux mathématiques y apparaît souvent comme un geste de simplification assez vain. Il ne s'agit pas seulement de la difficile mesure des hommes et des choses, mais encore de la construction, de la traduction et de la mise à l'épreuve des formes communes du raisonnement politique et des modalités concrètes de l'action. Les auteurs de cet ouvrage collectif, mobilisés par Thierry Martin, maître de conférences au département de philosophie de l'Université de Franche-Comté, mettent en évidence la longue durée de la réflexion et de l'expérience. Les analyses cardinales de Georges Th. Guilbaud sur la théorie des jeux (1949) ou d'Emil J. Gumbel, dont le texte " Lutte des classes et statistique " (1928) est ici traduit en français, procurent aujourd'hui une vaste matière à la réflexion. Ils encadrent un ensemble d'études qui associe l'examen critique de nature philosophique et l'enquête strictement construite de l'histoire des sciences. Marco Bianchini fait découvrir dans l'Italie du XVIIe siècle les débuts de l'économie mathématique et leur contexte philosophique et politique. Eric Brian analyse les conditions historiques dans lesquelles le dénombrement des personnes est devenu un objet légitime de calculs scientifiques. Michel Armatte étudie le projet technocratique des années 1930, la place qu'y occupait le recours aux mathématiques, et son destin pendant la Guerre, l'Occupation et la Reconstruction. Sébastien Hertz suit l'itinéraire intellectuel et savant d'E. J. Gumbel, lui-même statisticien allemand célèbre pour sa statistique des ex-trêmes et pour son engagement socialiste et pacifiste. Partant des travaux actuels, Emmanuel Picavet met en question la définition de l'optimalité sociale dans les choix collectifs. Marc Barbut explore certaines des clés mathématiques des textes de Machiavel. Daniel Parrochia passe les notions d'utilité et de préférence aux cribles d'Épicure, de Spinoza et de Stuart Mill. Thierry Martin, contre la double illusion fétichiste de l'empire des mathématiques et de leur stérilité, examine le lieu où ces sciences touchent effectivement les modalités de l'action politique.