Eugénisme au Japon
À PARAITRE le 14 novembre 2024
Collection : Études et enquêtes historiques
2024, 256 pagesIntroduction
Partie I : Les fondements de l'eugénisme (1868-années 1920)
Chapitre 1 : Réglementer l’avortement par le corps professionnel et le droit pénal
Chapitre 2 : L’eugénisme face à la restriction des naissances
Partie II : La mise en place législative d’un eugénisme scientifique et restreint (1930-1948)
Chapitre 3 : Régime nataliste et eugénisme
Chapitre 4 : La loi eugénique nationale (1940)
Partie III : Un eugénisme large aux côtés du planning familial (1948-années 1970)
Chapitre 5 : La loi de protection eugénique (1948)
Chapitre 6 : Le nouveau Japon : rationaliser la reproduction
Chapitre 7 : Le planning familial est-il un modèle eugéniste ?
Partie IV : Le temps des débats et des contestations (années 1970-1996)
Chapitre 8 : Les échecs des tentatives de réforme de la loi de 1948
Chapitre 9 : Le choc du 1,57 et la suppression de l’eugénisme législatif
Conclusion : L’eugénisme a-t-il disparu au japon
Bibliographie
C'est au début de l’ère Meiji que le Japon s’empare réellement des questions de santé publique. Influencés par les concepts sur l’hérédité qui se déploient alors en Occident, les gouvernements successifs vont mettre en place des politiques ouvertement eugénistes, dans le but d’« améliorer la race japonaise ».
Face à la nécessité de structurer le corps médical, les différents gouvernements tentent d’établir un système de santé comparable à celui des puissances occidentales. À cette époque, les concepts eugénistes du Britannique Francis Galton se diffusent progressivement dans les milieux scientifiques et intellectuels japonais, et vont fortement influencer les politiques mises en place notamment pour encadrer les pratiques abortives, jusqu’à aboutir, en 1948, à la promulgation de la loi relative à la protection eugénique. Loin de se cantonner au pouvoir, le mouvement eugéniste japonais devient un étendard qui rassemble des hommes et des femmes aux parcours divers (généticiens, féministes, politiciens, etc.), tous unis par une même volonté : celle d’« améliorer la race japonaise » et d’en assurer sa pérennité.
Ainsi, après la guerre, cette politique fut renforcée et étendue à l’aide par exemple du planning familial, dans le but de reconstruire le pays. Ce n’est qu’à partir des années 1990 qu’un réveil progressif se fait jour et que les pratiques eugénistes sont remises en question.
L’ouvrage d’Isabelle Konuma explore ces politiques eugénistes et la législation singulière qui en découla, marquée par des périodes de restriction des naissances et d’incitation à la procréation. Il décrit en détails cet eugénisme protéiforme, modelé par des problématiques vernaculaires, et apporte un éclairage indispensable sur cette histoire peu connue.
Isabelle Konuma est professeure à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) et membre titulaire de l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (IFRAE, UMR 8043). Ses travaux, menés en droit et histoire du droit japonais, portent sur les politiques de la population qui implique une gestion de la reproduction (avortement, stérilisation, contraception), le contrôle de la migration (nationalité, apatridie), et le traitement juridique de l’égalité (statut des étrangers, égalité des genres). Elle a dirigé deux numéros de la revue Cipango (L'eugénisme dans le Japon moderne et contemporain, 2021 ; Reproduction et migration au Japon, 2023).
Paul-André Rosental est professeur des Universités, membre du Centre de recherches historiques (EHESS/CNRS) et de l'Esopp (EHESS) et chercheur associé à
l'Ined. Il est spécialiste de l'histoire des politiques et des institutions consacrées à la
population et à la protection sociale. Il a notamment publié L'Intelligence démographique. Sciences et politiques des populations en France, 1930-1960 (Odile Jacob,
2003) et Destins de l'eugénisme (Le Seuil, 2016