Les migrations au-delà de l’immigration : considérer les départs depuis la France métropolitaine
Collection : Documents de travail
n° 283, 2023, 28 pages
Si les migrations sont souvent pensées comme des mouvements unidirectionnels, les immigré·es étant supposés s’installer définitivement dans un unique pays de destination, les parcours migratoires sont lus complexes, et les re-migrations hors de la société d’accueil ne sont pas rares. L’objectif de ce travail est d’étudier les mouvements d’émigration depuis l’Hexagone. Dépassant la conception traditionnelle de l’immigration, nous élargissons la perspective en considérant la possibilité de départs non seulement pour les immigré·es, mais aussi pour l’ensemble des individus résidant en France en les distinguant selon leur rapport individuel ou familial à la migration (enfants d’immigré·es, migrant·es des Outre-mer et Français·es de l’étranger de 1ère et 2ème génération, natif·ves). Nous tirons profit de l’enquête Trajectoires et Origines 2 (TeO2), qui contient des données rétrospectives sur les allers-retours effectués depuis et vers l’Hexagone, et des données prospectives sur les intentions migratoires. Nos analyses distinguent également le type de destination, et montrent des processus différents selon qu’il s’agit d’un retour dans le pays d’origine, ou d’une migration vers une destination tierce. Les résultats donnent à voir l’importance de ces mouvements, réels ou envisagés, qui ne se limitent pas aux seul·es immigré·es. Ces mobilités sont marquées chez les migrant·es d’Outre-mer, et une proportion importante des enfants d’immigré·es du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne ont séjourné plusieurs années dans le pays de naissance de leurs parents, notamment avant 18 ans. Les intentions de vivre hors de France sont également répandues au sein de la population dans son ensemble, et en particulier pour les deuxièmes générations du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne.
Louise Caron
Cris Beauchemin
Inès Munoz-Bertrand