La famille vietnamienne post-transitionnelle : l'héritage du doi moi
En 1986, le gouvernement vietnamien inaugure une nouvelle politique économique, le "dôi moi" ("rénovation"). Le Viêtnam entre dans une ère nouvelle qui engendre de profondes transformationsdémographiques et sociales. Après presque deux décennies de transition, le moment paraît venu de faire le point sur les conséquences des réformes économiques.
Le vaste mouvement de réformes baptisé "dôi moi" fut mis en oeuvre
par le Parti Communiste du Vietnam à la fin des années quatre-vingt
pour favoriser la transition de l’économie socialiste vers
uneéconomie de marché. L’essor des investissements internationaux
et la croissance économique soutenue des années qui suivirent, à
peine interrompus par la crise asiatique des années
quatrevingt-dix, témoignent du succès de cette nouvelle politique.
La grande masse de la population a bénéficié du développement
socio-économique par une amélioration continue de son niveau de
vie,bien que les inégalités sociales se soient dans le même temps
accrues. La libéralisation de l’économie s’est traduite par la
responsabilité croissante des familles, qui se situe de fait au
coeur du nouveausystème, en matière de logement, d’éducation, de
santé et de prise en charge des enfants, des personnes âgées et
sans doute aussi par l’exclusion des plus démunis.
L’objectif du séminaire est d’éclairer les effets de la nouvelle
politique économique sur la famille vietnamienne et, plus
précisément, d’identifier les mécanismes liés aux réformes
qui peuventexpliquer les changements observés dans les structures
familiales et les relations intra-familiales, ou de souligner au
contraire les continuités.
Les questions qui nous intéressent particulièrement sont les
suivantes :
· Comment la privatisation partielle du logement, de l’éducation et
de la santé a-t-elle influencé les comportements reproductifs et la
valeur économique et sociale des enfants ?· Comment l’accroissement
rapide des mobilités géographique et sociale a-t-il modifié les
relations de genre et les formes de la famille ?· Dans quelle
mesure ces changements ont-ils renforcé ou, au contraire, affaibli
l’autonomie et le pouvoir de décision des femmes au sein du ménage
?· Quel a été l’effet des migrations sur le marché matrimonial et
l’organisation familiale ?
· De nouvelles de solidarité entre enfants adultes et parents âgés
ou entre les membres de la famille élargie sont-elles apparues?
En bref, quels ont été les défis rencontrés par les familles
vietnamiennes dans un contexte économique et social en pleine
évolution et quelles stratégies ont-elles privilégié pour y
répondre ?
Ce qui nous importe ici est d’identifier précisément les mécanismes
à l’oeuvre pour expliquer comment des mesures économiques ou
sociales spécifiques ont induit des changements clairement
identifiésdans les structures familiales et les relations entre les
hommes et les femmes et entre les générations.
Nous nous intéresserons donc particulièrement aux analyses
qualitatives ou aux analyses quantitatives conduites au niveau
micro, celui des individus, des familles, ou des
communautésvillageoises.