Définir la judéité dans les enquêtes statistiques sur les populations juives après la Shoah (États-Unis, Royaume-Uni, France)
Intervention de Béatrice de Gasquet (Université Paris Diderot, en délégation à l’Ined).
La Shoah marque une rupture majeure dans les entreprises de recensement des populations juives, avec la disqualification de tout usage d’un référentiel racial pour définir la judéité, et le soupçon face à l’implication des États dans des enquêtes sur les populations juives. Mais en dehors de la statistique publique, dans le contexte plus général de l’essor du recours aux sondages, la période de l’après Seconde guerre mondiale voit aussi le développement des usages d’enquêtes par questionnaire pour dénombrer et connaitre les populations juives, notamment à l’initiative d’organisations juives.
Cette communication s’intéresse plus particulièrement aux enquêtes statistiques conduites sur des échantillons à visée représentative des personnes définies comme juives aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni depuis les années 1960. Ces enquêtes constituent un cas relativement singulier où les statistiques sur une population minoritaire sont conduites par des organisations visant à représenter les personnes concernées. On s’intéressera ici aux modes de définition de la population visée dans ces enquêtes, qui prennent généralement pour acquis la complexité de cette entreprise de définition et combinent souvent plusieurs critères (religion, autodéfinition, filiation, éducation…). Les choix opérés dans ces enquêtes s’inscrivent en effet à la fois dans des débats intellectuels et politiques larges sur les identités, et dans des débats internes, et transnationaux, au sein des mondes juifs contemporains sur « qui est juif ».
La séance sera discutée par Paul Schor (Université Paris Diderot)
Inscription obligatoire auprès de : juliette.galonnier @ ined.fr