Vieillissement et dépendance : inégalités dans le processus de développement de l'incapacité"
Discutante : Marie-Josephe Saurel-Cubizolles ( Inserm)
Face à l’allongement de l’espérance de vie et à l’accroissement du nombre de personnes âgées, on cherche aujourd’hui à anticiper les besoins en matière d’assistance pour les personnes devenues «dépendantes». Dans cette étude, on s’attache à comprendre les mécanismes qui conduisent des problèmes fonctionnels courants (locomotion, vue, mémoire...) aux difficultés à réaliser les activités élémentaires de la vie courante, sources de besoins d’aide et de prise en charge. Les données des deux passages de l’enquête Handicaps, incapacité, dépendance de l’Insee ont permis de décrire les problèmes fonctionnels des hommes et femmes de 55 ans et plus, d’en connaître l’évolution après deux ans et de mettre en évidence des disparités socio-démographiques dans les risques de dégradation ou les chances de récupération.
A la fin des années 1990, 50% des personnes de 55 ans et plus
déclaraient des problèmes fonctionnels en tout genre (difficulté à
marcher, à voir, à se souvenir...). Parmi elles, 20% rencontrent de
grandes difficultés dans les activités de soins personnels
(s’habiller, faire sa toilette, se nourrir...)traduisant souvent un
besoin d’aide. La ré-interrogation après deux ans montre
l’existence d’un processus allant des problèmes fonctionnels aux
restrictions d’activité sévères pour les soins personnels, puis au
décès. Les données indiquent aussi que ce processus n’est pas
systématique et qu’il est réversible. Les risques de survenue des
difficultés de même que les chances de récupération des fonctions
et capacités varient selon la nature des problèmes fonctionnels
(type et gravité) mais aussi selon l’âge, le sexe ou la résidence
(ménage ou institution). Le statut social joue aussi un rôle dans
ce processus: les plus diplômés sont non seulement moins à risque
d’avoir des limitations fonctionnelles, mais ils ont de surcroît
une probabilité plus forte de s’en remettre et un risque plus
faible qu’elles conduisent à des difficultés sévères dans les
activités du quotidien.
Ces résultats suggèrent d’identifier, sur la base de ces
différences socio-économiques, les ressources individuelles et
collectives qui permettent à certains plus qu’à d’autres de se
prémunir de telles restrictions d’activité en dépit de problèmes
fonctionnels quand d’autres se trouvent en situation de
dépendance.