Séance Jeunes Chercheurs - Emploi et migrations à l’Ile de la Réunion. Quel apport pour la compréhension du développement ?

the Monday 11 February 2008 at l'Ined, salle Sauvy

Discutante : Stéphanie Condon (Ined)

Depuis la départementalisation (1946-1999), l'île de la Réunion a connu de profondes mutations et des transitions multiples (politique, épidémiologique, démographique, familiale, économique et sociale) dont la caractéristique commune est leur simultanéité et leur rapidité.
Aujourd'hui, le développement de la Réunion peut être considéré comme réussi du point de vue des indicateurs « macro » (hausse des niveaux de vie, du niveau de formation, allongement de l'espérance de vie, croissance économique forte) mais il convient de relativiser le caractère positif de ces évolutions au niveau individuel en raison du maintien d'inégalités sociales marquées et du niveau élevé du chômage.
L'approche individuelle permet de constater que les jeunes, les femmes et les moins diplômés sont les plus exposés au non-emploi et à la pauvreté. Les dispositifs existants et notamment les transferts sociaux, pourtant conséquents dans le département, ne viennent atténuer que partiellement ces inégalités entre individus et ne parviennent pas à résoudre le problème du chômage compte tenu de la croissance soutenue de la population active.
Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur la place et le rôle de la migration dans le processus de développement d'une société insulaire comme la Réunion.
Nous observons que la migration a presque toujours été l'outil d'ajustement de la main d'œuvre privilégié par les pouvoirs publics avec pour objectif principal de résoudre les problèmes économiques et sociaux de la population de l'île.
Cependant, les mouvements contraires du départ des natifs de la Réunion et de l'arrivée d'immigrants non natifs et des retours des réunionnais se compensent largement. L'effet net de la migration sur les effectifs de la population active est aujourd'hui modéré.
Nous nous demandons alors quels bénéfices tirent les individus de la migration en terme d'accès à l'emploi et de type d'emploi occupé. Pour cela, nous comparons les taux d'emploi et les caractéristiques des emplois occupés par les migrants réunionnais en métropole et les non migrants mais aussi par les natifs de la Réunion de retour de migration par rapport aux non migrants et aux immigrants installés sur l'île.
Il s'agit d'évaluer dans quelle mesure la migration peut représenter un avantage ou non pour les individus en terme d'accès à l'emploi et de promotion sociale selon leur origine (natifs de la Réunion, non natifs) et selon leurs caractéristiques individuelles (âge, sexe et niveau de diplôme).