Séance Jeunes Chercheurs - Emploi et migrations à l’Ile de la Réunion. Quel apport pour la compréhension du développement ?
Discutante : Stéphanie Condon (Ined)
Depuis la départementalisation (1946-1999), l'île de la Réunion
a connu de profondes mutations et des transitions multiples
(politique, épidémiologique, démographique, familiale, économique
et sociale) dont la caractéristique commune est leur simultanéité
et leur rapidité.
Aujourd'hui, le développement de la Réunion peut être considéré
comme réussi du point de vue des indicateurs « macro » (hausse des
niveaux de vie, du niveau de formation, allongement de l'espérance
de vie, croissance économique forte) mais il convient de
relativiser le caractère positif de ces évolutions au niveau
individuel en raison du maintien d'inégalités sociales marquées et
du niveau élevé du chômage.
L'approche individuelle permet de constater que les jeunes, les
femmes et les moins diplômés sont les plus exposés au non-emploi et
à la pauvreté. Les dispositifs existants et notamment les
transferts sociaux, pourtant conséquents dans le département, ne
viennent atténuer que partiellement ces inégalités entre individus
et ne parviennent pas à résoudre le problème du chômage compte tenu
de la croissance soutenue de la population active.
Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur la place et le rôle de
la migration dans le processus de développement d'une société
insulaire comme la Réunion.
Nous observons que la migration a presque toujours été l'outil
d'ajustement de la main d'œuvre privilégié par les pouvoirs publics
avec pour objectif principal de résoudre les problèmes économiques
et sociaux de la population de l'île.
Cependant, les mouvements contraires du départ des natifs de la
Réunion et de l'arrivée d'immigrants non natifs et des retours des
réunionnais se compensent largement. L'effet net de la migration
sur les effectifs de la population active est aujourd'hui
modéré.
Nous nous demandons alors quels bénéfices tirent les individus de
la migration en terme d'accès à l'emploi et de type d'emploi
occupé. Pour cela, nous comparons les taux d'emploi et les
caractéristiques des emplois occupés par les migrants réunionnais
en métropole et les non migrants mais aussi par les natifs de la
Réunion de retour de migration par rapport aux non migrants et aux
immigrants installés sur l'île.
Il s'agit d'évaluer dans quelle mesure la migration peut
représenter un avantage ou non pour les individus en terme d'accès
à l'emploi et de promotion sociale selon leur origine (natifs de la
Réunion, non natifs) et selon leurs caractéristiques individuelles
(âge, sexe et niveau de diplôme).