Les paradoxes de la citoyenneté. Le devenir des pieds-noirs en France métropolitaine

the Monday 04 January 2016 at l’Ined, salle Sauvy, de 11h30 à 12h30

Presented by Marie-Paule Couto (LSQ/CSU) ; discussant : Anne Lambert (Ined)

Cette communication s’appuiera sur les résultats d’une thèse de doctorat portant sur la construction sociale de la citoyenneté et ses effets sur les parcours professionnels d’une population migrante. Elle s’intéresse aux trajectoires d’une population spécifique, les Français nés et installés en Algérie jusqu’à l’indépendance du pays (1962), autrement nommés les « pieds-noirs ».

À l’instar des recherches sur l’identification des nationaux, le parcours de cette population est mobilisé comme un moyen de saisir la manière selon laquelle l’État attribue la citoyenneté française, les modes d’appropriation de cette citoyenneté et ses conséquences sur le cours des trajectoires socioprofessionnelles. Les pieds-noirs éclairent de façon privilégiée ces processus dans la mesure où, sur un temps relativement cours, l’État a souvent attribué la citoyenneté française à l’un ou plusieurs de leurs ascendants, Européens en Algérie (Espagnols, Italiens, Maltais, etc.). Et cette identification nationale a ensuite été mise à l’épreuve de la décolonisation et de la migration vers la France métropolitaine.

Bien que leur arrivée en France remonte désormais à plus de cinquante ans, les études approfondies sur le parcours de ces migrants sont rares. La thèse se livre donc à une analyse croisée de textes législatifs, de récits de vie et de données de la statistique publique (EDP) afin de proposer des résultats inédits sur les trajectoires des pieds-noirs au regard de celles des immigrés et des métropolitains de 1968 à 1999.

Cette communication sera l’occasion de revenir sur une tension observée dans la littérature entre deux approches apparemment antagonistes. La première approche s’appuyant sur le discours des pieds-noirs relève de la sociologie de la mémoire. Elle insiste sur un fort sentiment d’abandon de la part de l’État. La seconde approche mobilisant des archives s’inscrit dans une histoire du rapatriement. Elle montre au contraire l’investissement significatif des pouvoirs publics envers cette population. La communication vise à expliciter cette tension et cherche, matériaux empiriques à l’appui, à  la résoudre.

 

Marie Paule Couto

est sociologue, maître de conférences à l’Université de Paris 8 Vincennes Saint-Denis et membre du Laboratoire de sociologie quantitative (LSQ-CREST). Elle a soutenu en 2014 une thèse de sociologie sur le devenir des pieds-noirs en France métropolitaine, articulant les données de l’EDP avec des récits de vie.

Elle a publié entre autres :

-          « L’intégration professionnelle des pieds-noirs. L’empreinte de la décolonisation », in Serge Paugam (dir.), L’intégration inégale. Étudier les inégalités à partir des liens sociaux, Paris, PUF, 2014, p. 347-360.

-          Les méthodes quantitatives, Paris, PUF « Que sais-je ? », 2015, avec Fanny Bloch-Bugeja.

-          « Repenser l’intégration socioéconomique des pieds-noirs en France à l’aide des données de l’Échantillon Démographique Permanent de l’INSEE », CREST, « Documents de travail », 49, 2014, p. 1-40.