Quitter le nid familial : entre forces centripètes et forces centrifuges
Discutant : Thierry Debrand (Union sociale pour l'habitat)
Anne Laferrère (CREST-INSEE)
La façon dont le revenu parental influence le choix des jeunes adultes de quitter leurs parents demeure mal connue. Certains trouvent un léger effet positif compatible avec des parents altruistes aidant leur enfant à partir, mais d’autres ont mis en évidence un effet négatif qu’ils interprètent comme le signe que les parents égoïstes achètent leur enfant pour qu’il reste. On suggère ici que l’altruisme peut s’exprimer par deux voies. Davantage de revenu parental, soit augmente la consommation de l’enfant indépendant et encourage son départ (altruisme standard), soit accroît plus sa consommation quand il co-réside (altruisme de proximité) et le pousse à rester. En outre, le logement est pris en compte comme un bien spécifique non transférable, et moins de confort chez les parents incite à les quitter. Ne pas prendre en compte les caractéristiques du logement parental biaise les résultats contre l’altruisme standard. Ce modèle est testé à partir de l’enquête Logement. On trouve que les familles les plus modestes ont le plus de chances de voir leurs enfants partir, et seules celles dans le plus haut décile aident leurs enfants à les quitter. Mais la qualité et le prix du nid parental importent: le manque d’espace pousse à partir, de même que vivre avec un beau-parent. Au contraire un logement moins cher (HLM) ou situé dans une grande ville pousse à rester. Une fois la qualité du logement des parents prise en compte, l’effet de leur revenu est plus proche de l’altruisme standard.