Pourquoi la contraception se diffuse-t-elle si lentement dans les zones rurales africaines ?
Pourquoi la contraception se diffuse-t-elle si lentement dans
les zones rurales africaines ? Un exemple au Senegal.
Discutant : Christophe Guilmoto (IRD).
La fécondité est en baisse en Afrique sub-saharienne depuis plusieurs décennies mais sa diminution est lente, la contraception, qui est l’un des moteurs essentiels de la baisse, ne s’étant encore que peu diffusée, en particulier dans les campagnes. Pour mieux en comprendre les raisons, nous avons étudié de façon détaillée l’histoire de la diffusion de la contraception dans une population rurale du Sénégal, Bandafassi. Nous avons utilisé pour cela trois sources d’information : une enquête sur la contraception, les données du registre de planification familiale du dispensaire local et les informations de l’observation démographique suivie conduite depuis plus de 30 ans dans cette population. L’exploitation de ces différentes sources nous a permis de retracer la progression de la contraception année après année depuis qu’elle a débuté et d’en examiner les facteurs.
De façon étonnante, la contraception s’est diffusée extrêmement
rapidement à Bandafassi, mais seulement dans quelques villages
proches du dispensaire ou disposant d’un agent de santé efficace.
De façon encore plus étonnante, la pratique contraceptive a chuté
brutalement au début des années 2000 suite à un changement de
personnel infirmier. Dans la population prise ici comme exemple,
les freins et les échecs ne tiennent pas tant à une méconnaissance
de la contraception de la part de la population ou à un refus de
celle-ci, mais plutôt à la qualité des relations qu’entretient le
personnel sanitaire avec elle et au fait que la contraception lui
est plus ou moins facilement accessible.